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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Les 5 jours qui ébranlèrent la France (2/2)

Les 5 jours qui ébranlèrent la France (2/2)

Julien Vercel

Le Premier ministre enterre l’« angélisme » de gauche et l’extrême-droite ressuscite le « front républicain »

Comme le président ne se mêlait plus de tout et avait d’autres choses à faire que d’interférer dans l’action du Gouvernement, la répartition des rôles avec son premier ministre est enfin apparue claire et sans confusion hiérarchique. François Hollande a ainsi accordé à Manuel Valls ce qu’il avait toujours refusé à son prédécesseur Jean-Marc Ayrault : après un gouvernement resserré et la vérité sur l’état de la France, le président « présidait » laissant le premier ministre « gouverner ». C’est ce qui a conféré encore plus de force au discours de Manuel Valls du 13 janvier à l’Assemblée nationale, suivie de La Marseillaise entonnée par tous les députés.

Et « gouverner » pour Manuel Valls, c’est d’abord assurer la sécurité des Français. Cela fait d’ailleurs plusieurs années qu’il a investi ce thème. Faut dire que cette préoccupation ne l’a pas quitté depuis 2002, lorsqu’il était conseiller en communication du premier ministre Lionel Jospin et que la droite a mené une campagne présidentielle sur la sécurité, mettant fin au gouvernement de la « gauche plurielle ».

En 2015, la droite ne peut plus prendre la gauche en défaut. D’abord parce que Nicolas Sarkozy a un bilan peu glorieux en la matière (de 2007 à 2012, la police et la gendarmerie ont perdu plus de 13 000 emplois). Ensuite parce que la gauche a été particulièrement active sur le sujet depuis 2012 (création de 1 000 postes par an dans la police et la justice ; création des zones de sécurité prioritaires…). La traque et les interventions combinées des forces de l’ordre (police et gendarmerie) en janvier 2015 sont venues prouver l’opérationnalité et l’efficacité de ces services. Enfin parce que le premier ministre assume sa politique, il a ainsi été l’un des premiers à reprendre la formule utilisée par Alain Peyrefitte, alors garde des Sceaux, lors des débats parlementaires le 11 juin 1980 sur son projet de loi « Sécurité et Liberté » : « La sécurité est la première des libertés ».

Quant à Marine Le Pen, elle a d’abord été rattrapée par son penchant pour l’idéologie et les schémas simplistes. Il faut se rappeler que le 1er avril 2012, sur Canal+, elle affirmait doctement qu’« Al-Qaïda recrute dans les banlieues françaises, qui sont entre les mains des fondamentalistes et les mains des criminels » et ajoutait « Le fondamentalisme islamique, il ne pousse pas dans les prairies normandes ! » L’actualité est venue aussitôt démentir ses propos et les liens automatiques que l’extrême-droite voudrait faire entre immigration et islamisme : Maxime Hauchard, l’un des assassins français en Syrie, est parti d’un petit village de l’Eure !

Mais, surtout, elle n’est pas parvenue à faire de l’esprit de la grande manifestation du 11 janvier une démonstration de la collusion entre les partis de gouvernement et une nouvelle preuve de l’existence de ce que l’extrême-droite appelle « l’UMPS ». Au contraire, par péché d’orgueil, elle n’a pas vu que cette manifestation redonnait une nouvelle expérience in vivo du « front républicain » pour les électeurs de gauche, du centre et de la droite modérée.

Quant à Jean-Marie Le Pen, il déclara, le 9 janvier, « Je ne suis pas Charlie du tout, je suis Charlie Martel si vous voyez ce que je veux dire !» et le lendemain, « Moi, je suis désolé, je ne suis pas Charlie (…). Je ne me sens pas du tout l'esprit de Charlie. Je ne vais pas, moi, me battre pour défendre l'esprit de Charlie qui est un esprit anarcho-trotskyste parfaitement dissolvant de la moralité politique ». Puis il développa une thèse conspirationniste : « Toute l’opération porte la signature de services secrets » dans le journal russe Komsomolskaïa Pravda du 15 janvier.

***

Ces 5 jours qui ébranlèrent la France ont permis de mesurer l’attachement des Français à la République. En affirmant que « Je ne connais pas d’autre communauté que la communauté nationale » (17 janvier), le président a su traduire un état d’esprit partagé. En parlant de la France, « capitale du monde », le président a su accompagner cette fierté retrouvée. La France n’était plus réduite à un déficit à combler, elle était une idée d’avenir… mais ça n’a duré que 5 jours !

Car refaire le coup de « La France unie » comme l’avait fait François Mitterrand en 1988 ne suffira pas à François Hollande. La confiance n’est pas revenue parce qu’elle nécessite de connaître la personne à qui on l’accorde. Or François Hollande reste encore un mystère.

Il faudrait plutôt reprendre le récit de 2012, celui qui disait que la France peut s’en sortir en réformant son modèle, pas en l’abandonnant, bref qu’il est possible de rester Français dans la mondialisation comme face à toutes les menaces ! Il faut à nouveau reprendre le récit de la France pour rassembler les Francs et les Gaulois, le Nord germanique et le Sud romain, l’Est du désespoir et l’Ouest de la confiance, ceux « qui sont nés quelque part » et ceux qui sont nés ailleurs. Reprendre le récit de la France, c’est faire une politique qui ne serait fondée ni sur la peur de l’avenir, ni sur la nostalgie du passé et qui ne nous servirait pas l’excuse de la contrainte pour justifier tout renoncement au présent. C’est élaborer un projet qui ne serait pas seulement fait d’incantations ou d’injonctions à la République, mais qui saurait s’adresser au citoyen comme à l’individu, c’est-à-dire qui serait capable de faire vivre ensemble la République avec ses devoirs et la démocratie avec ses droits.

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A
Autant espérer la réunion des obédiences <br /> Pendant qu'on y est
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A
Autant espérer la réunion des obédiences
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J
L('UMPS ... çà c'est une bonne idée.<br /> Car les enjeux majeurs de gestion de la France sont les mêmes pour ces 2 partis et ... les solutions sont quasi-identiques.<br /> Il feraient mieux de s'allier, au moins pour 10 ans pour traiter ensemble les problemes communs et laisser de côté ce qui les divise.
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A
Waooo!<br /> bien evoyé!
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