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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Petit catalogue des maux politiques français/ Épisode 8 : la « maginite »

Petit catalogue des maux politiques français/ Épisode 8 : la « maginite »

Julien Vercel

La stricte stratégie défensive est le plus souvent vouée à l’échec, mais revient régulièrement dans la vie politique française. C’est une maladie étrange que l’on pourrait appeler la « maginite », car l’une de ses représentations les plus flagrantes est la fameuse ligne Maginot derrière laquelle les troupes françaises attendirent l’offensive allemande jusqu’en mai et juin 1940 avant de se faire contourner par l’ennemi.

La gauche emmenée par François Mitterrand n’en finit pas de regretter ce choix stratégique, la droite emmenée par Nicolas Sarkozy est en train d’emprunter le même chemin.

Pour la gauche, tout a commencé dans les années 1980-1990 quand il ne fut plus question de « conquête sociale » mais de « défense des acquis sociaux ». Devant la défaite électorale qui s’annonce, François Mitterrand appelle, le 21 novembre 1985, à « faire bloc pour défendre les acquis sociaux ». Dans sa Lettre à tous les Français pour sa réélection de 1988, il ne propose donc aucune réforme sociale et dans ses vœux du 31 décembre 1992 alors que se profile une nouvelle victoire de la droite, il avertit : « J'espère que personne ne songe à s'attaquer à nos acquis sociaux ». Dans la réalité, Hoover quitte Dijon, Grundig quitte la lorraine, Rockwell Graphic System quitte Nantes ; en 1970, un licencié économique touchait 90% de son salaire, il ne touche plus que 53% en 1993 et, en matière de santé, les remboursements de soins et de médicaments sont réduits sous les coups de tickets modérateurs, de forfaits hospitaliers ou de déclassements. Pendant ce temps, la droite s’empare du thème de la réforme et, avec les libéraux, incarne le parti du mouvement. Il faut attendre les années de gouvernement de Lionel Jospin pour qu’à nouveau la stratégie soit plus offensive avec le projet de réduction du temps de travail.

Aujourd’hui, voilà que Nicolas Sarkozy fait son come-back et choisit, comme stratégie, de transformer la République en forteresse assiégée ! Cette stratégie défensive s’appuie sur trois axes : d’abord, il fait du Patrick Buisson contre « l’assistanat » et en faveur de « l’assimilation », ensuite il fait du Henri Guaino : « Nous sommes nombreux à penser que la République a trop reculé face aux entorses multiples qui sont faites à ses principes » (courrier adressé aux adhérents, 6 mai 2015), enfin il fait du Jacques Séguéla en changeant le nom de son parti pour l’appeler, désormais : « Les Républicains ».

Mais avec le choix d’une telle stratégie, le conservatisme rechange de camp : il repasse à droite… au grand désespoir des libéraux qui voient, du même coup, le mouvement et son corollaire, la réforme, repasser à gauche. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de 2017 pour la gauche : réapprendre à conjuguer réformisme et progrès… et en convaincre les Françaises et les Français.

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