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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Les Limites de la vulgarisation

Les Limites de la vulgarisation

Cela s’appelle un manuel. Les éditions Eyrolles publient ce style de livre par dizaines sur les sujets le plus divers. Et voici qu’il en paraît un sous la signature d’Alain Quéruel : Le Grand livre de la franc-maçonnerie, un panorama chrono-thématique, des origines à nos jours, en France et à l’étranger. Avec quatre parties (Aspects historiques, ésotériques, politiques et culturels), il offre des titres en rouge et des tramés en rose sensés améliorer la lisibilité. À supposer que la franc-maçonnerie soit enseignée à l’université, cela soutiendrait efficacement un cours de première année, se disait-on, avant de découvrir que l’auteur enseigne justement dans des universités ouvertes, celle du temps libre à Orléans et celle de Paris VII Diderot.

Il faudrait, dès lors préciser dans ce cadre de formation permanente, comme pour d’autres publics, que la maçonnerie, telle qu’elle est présentée dans ce livre n’est pas unique, ce que le livre indique, mais peut relever de structures très différentes dans leur orientation et dans leur rapport à la société. Or, même si les obédiences et les rites sont rapidement présentés, une sorte de fil rouge parcourt l’ouvrage, celui d’une franc-maçonnerie française qui aurait accompagné l’histoire politique nationale depuis sa création, alors que, sur de longues périodes, elle a surtout vécu à l’abri du pouvoir et que depuis des décennies, bien des loges se consacrent essentiellement au développement personnel de leurs membres.

Par ailleurs, l’auteur ne semble pas très à l’aise avec l’histoire des obédiences lorsqu’il note par exemple (p. 131) à propos de Gustave Mesureur : « il fut reçu le 21 avril 1869 à la loge la Justice n°133 de la Grande loge centrale du Suprême conseil. Cette entité était un peu spéciale ; d’abord, faisant partie du Grand orient de France, elle le quitta en 1853, n’ayant pas beaucoup d’affinités avec la maçonnerie impériale officielle ». Cette Grande loge centrale a en fait été créée en 1820 pour gérer les grades bleus du Suprême conseil jusqu’à la naissance de la Grande loge symbolique écossaise, puis de la Grande loge de France. Elle n’a jamais relevé du Grand orient de France.

Ceci posé, pour qui ne connaitrait rien de l’histoire de la franc-maçonnerie française, ce livre de format carré vendu 23,90 euros pourra mettre le pied à l’étrier, familiariser le lecteur avec un vocabulaire, quelques biographies. Il pourrait lui permettre de prendre goût à un approfondissement sur tel ou tel thème, en particulier à travers les travaux d’André Combes, étrangement absent d’une bibliographie dont il faudrait prévoir une refonte pour une prochaine édition, tant des livres essentiels, dont ceux de Roger Dachez manquent à l’appel.

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