Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Julien Vercel
« Le tripartisme est en marche » affirmait Jean-Christophe Cambadélis, député socialiste, dès le 14 octobre 2013. Le 4 février 2015, « L’ère du tripartisme commence » écrit Thierry Mariani, député de Les Républicains (de droite), dans une tribune du Monde. De la part de la « gauche de gouvernement » comme de la « droite décomplexée », il y a comme une gourmandise partagée à annoncer l’avènement du tripartisme. Parce que, d’un côté, la « gauche de gouvernement », enfin débarrassée de l’hypothèque de l’extrême-gauche, refile le mistigri du dilemme « s’allier ou perdre » à une droite divisée. Parce que, de l’autre côté, la « droite décomplexée » peut espérer, avec ce « tripartisme » et -« dé-complexion » oblige- refaire le coup de 2007 en « siphonnant » les voix du Front national (FN).
Mais les conversations sur le tripartisme ne sont que des diversions. Nos brillants analystes font mine d’oublier que nous sommes sous le régime de la Ve République dominé par l’élection de son président au suffrage universel direct avec un second tour se jouant entre deux, et non pas trois, candidats ! Le tripartisme est peut-être possible pour des scrutins locaux, mais le bipartisme reprendra ses droits lors de « l’élection-mère » de 2017.
Marine Le Pen l’a compris et énoncé la première. Le 13 octobre 2013, elle se revendique du seul « parti patriote » contre le « ROM » pour « Rassemblement des organisations mondialistes ». Très vite, sa stratégie est claire : « on passe par une tripolarisation de la vie politique française. Or, sauf à passer à une VIe République, la Ve va imposer à nouveau une bipolarisation, c'est la logique des institutions. Cela se fera entre l'UMPS d'un côté et le Front national-Rassemblement Bleu Marine de l'autre » (Le Monde, 28 mars 2014). Dès lors, le message est décliné jusqu’aux élections régionales de décembre 2015. En mars 2015, Florian Philippot reconnait que le tripartisme, « c'est une réalité électorale évidente », mais rappelle aussi le coup d’après : « ce n'est qu'une étape entre deux bipartismes : l'ancien UMP/PS et le nouveau bipartisme qui est en train de naître entre eux, l'UMPS, férus de dépassement des nations, et nous, les patriotes qui défendons la souveraineté et l'identité nationale » (cité par Louis Hausalter, « Pourquoi le tripartisme aura du mal à s'installer en France », 24 mars 2015, slate.fr). Marine Le Pen martèle la ligne : le 28 octobre 2015, elle déclare « après le tripartisme, nous sommes revenus à la bipolarisation (…). Ce n’est plus la droite contre la gauche mais l’UMPS contre le Front national » avant de peaufiner son discours le soir du second tour des élections régionales, le 13 décembre 2015 : « maintenant le clivage sépare non plus gauche et droite mais mondialistes contre patriotes » et elle ajoute « cette distinction sera le grand enjeu, le grand choix politique des présidentielles ».
À suivre…