Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Explicitement chrétienne, la chevalerie, dans sa version occidentale, a fait l’objet d’une somme de publications, dont beaucoup établissent un lien avec le Régime écossais rectifié. On peut interpréter l’attirance que ce rappel d’un passé glorieux inspire à une frange de la franc-maçonnerie comme une identification à ce qui subsiste de l’aristocratie. En effet, jusqu’à l’arrivée de l’automobile, celle-ci avait trouvé, au XIXe siècle, dans la cavalerie, civile ou militaire, un refuge symbolique, elle qui avait perdu son pouvoir politique au profit de la République bourgeoise. On comprend que la référence actuelle à un idéal chevaleresque plonge ses racines non seulement dans un lointain féodalisme, mais aussi dans un passé récent.
Sans faire la moindre allusion à la franc-maçonnerie, Pascal Gambirasio d’Asseux vient de faire paraître chez Télètes une seconde édition augmentée de son Miroir de la chevalerie. Essai sur la spiritualité chevaleresque (2015, première édition en 1998, 24 euros), pour laquelle il a obtenu une préface du Prince Henri, par ailleurs Comte de Paris et prétendant officiel au trône de France, sous la branche orléaniste.
On notera, dans la conclusion de cet ouvrage, après deux longues citations d’Ignace de Loyola et de Saint-François d’Assise, une ouverture féministe pas toujours de mise en ce milieu : « Cet état perdure en une filiation ininterrompue (...) il se rencontre toujours des hommes et des femmes appelés et qualifiés pour en être investis et qui d’ailleurs y aspirent, leur cœur en pressentant la vocation ». Prouesse, courtoisie, honneur, héraldique, mais aussi double action intérieure et sociale, le livre décline une volonté de maintenir vivaces des références dont le substrat chrétien est constant.