Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
29 Mars 2016
Résumons pour celles et ceux qui ne se seraient pas passionnés pour le feuilleton qui a suivi, il y a quelques années, l’éclatement de la Grande loge nationale française (GLNF), avant que celle-ci ne se refasse une santé, non sans avoir largement maigri.
Principale obédience née de cette crise, la Grande loge de l’alliance maçonnique française (GL-AMF) est apparue dans le paysage maçonnique français en 2012. Elle est en croissance lente, mais constante, avec aujourd’hui environ 16 000 membres, répartis dans 700 loges. Elle pratique six rites : rite écossais ancien accepté (REAA), régime écossais rectifié (RER), rite français (RF), rite d’York, rite standard d’Écosse (RSE) , rite émulation, établis en « maisons ». L’une des caractéristiques de cette obédience est que les grands maîtres successifs représentent un rite à tout de rôle. Alain Juillet, le premier, était de rite écossais, Claude Beau qui lui a succédé est de rite français, le suivant sera d’un autre rite.
Sur 19 loges créées en 2015, 14 sont de REAA, 4 de RER, 2 de RSE, une de RF. Cela confirme que le rite écossais est largement dominant et, par conséquence, que ce sont surtout des adeptes de ce rite qui sont partis de la GLNF au moment de sa crise de gouvernance.
Du point de vue de l’intendance, la GL-AMF semble avoir résolu son problème de disponibilité de locaux. Elle va, en effet installer prochainement à Clichy-la-Garenne un ensemble de temples et de bureaux.
Du côté des relations extérieures, un accord a été signé en novembre avec la Grande loge écossaise réformée et rectifiée d’Occitanie (GLERRO), une petite obédience qui semble être composée pour bonne part d’anciens membres de la Stricte observance templière (SOT), ancêtre du RER. Un autre vient de l’être avec la Grande loge traditionnelle et symbolique Opéra (GLTSO), autre structure spiritualiste et masculine, qui compte quelque 5 000 membres et 275 loges travaillant pour les deux tiers au RER. La GL-AMF, qui laisse à ses membres le choix de se définir comme déistes ou théistes, s’interdit cependant de participer aux rares tenues de la GLTSO ouvertes au sœurs, reconnues comme telles.
Rappelons que la GL-AMF est membre d’une Confédération avec la Grande loge de France (GLDF) qui, faute d’avoir pu constituer un pôle alternatif de « régularité » garantit la possibilité d’intervisites.
Cela détermine ce qu’est aujourd’hui l’Alliance, soit une petite GLNF où, dit-on volontiers en son sein, on maçonne plus librement et pour deux fois moins cher.
[Source : Mensuel L’alliance maçonnique, février 2016]