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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

À propos de « Son combat, réponse à Hitler » d’Irène Harand

À propos de « Son combat, réponse à Hitler » d’Irène Harand

Georges Bormand

Le titre de ce livre est inexact, puisque la réponse détaillée au contenu de Mein Kampf n'y prend que les deux premiers chapitres où Irène Harand, catholique autrichienne, militante anti-nazie convaincue qui a échappé par miracle à l'Anchluss, énumère les principaux mensonges du livre que Hitler, à l'époque (le livre est paru en Autriche en 1935, sa traduction en Belgique en 1936), feignait, par moments, de récuser tout en le diffusant : passé héroïque inventé, préparation de la guerre et de la destruction de la France en particulier etc...

L'essentiel du livre est consacré à une dénonciation totale de l'idéologie nazie (toujours désignée sous l'appellation « croix gammée ») et, essentiellement, de sa composante antisémite. Les principaux chapitres réfutent, de façon approfondie et généralisée, tous les mensonges antisémites, une apologie du peuple juif d'autant plus affirmée que Irène Harand professe une foi catholique profonde, insiste sur le fait que Jésus et ses apôtres étaient juifs et que l'Ancien Testament est la base d'une religion chrétienne affirmée de façon répétée comme la seule vraie. Récusant toutes les accusations anciennes de meurtres rituels dont elle rappelle à quel point ils auraient été profondément incompatibles avec les bases du Talmud et de la Loi juive. L’auteure évoque la fabrication, par les tsaristes, des Protocoles des sages de Sion à partir du pamphlet anti-Napoléon III de Maurice Levy intitulé Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, allant même jusqu'à attribuer à une juste vengeance divine (du dieu chrétien, ennemi de la haine et du racisme) contre les crimes antisémites du tsar, la révolution de 1917 et l'assassinat des Romanov !

Irène Harand s'attaque ainsi autant à l'antisémitisme pseudo-chrétien, qu'elle juge opposé aux racines de sa religion, qu'à celui de la « croix gammée ». Mais, bien sûr, elle consacre aussi un chapitre aux persécutions subies par les chrétiens, catholiques et protestants, dans l'Allemagne de la croix gammée. Et ses attaques contre l'idéologie de la croix gammée n'oublient pas les promesses faites aux ouvriers et trahies, le remplacement du pain de « panem et circenses » par la haine, essentiellement celle des juifs, et de toute amélioration de la condition du peuple par l'augmentation des famines et des taxes au nom du réarmement et de la généralisation de la haine. En cela son livre est quelque peu daté, d'autant plus que, écrit après l'assassinat du chancelier Dollfuss, à qui Irène Harand était attachée, le livre répète, d'une façon aujourd'hui démentie par l'histoire, que l'idéologie de l'Anschluss aurait été rejetée par les Autrichiens et que la crainte dudit Anschluss serait éloignée par la protection des alliés (France, Angleterre, Russie, mais aussi Italie) et l'isolement diplomatique de l'Allemagne de la croix gammée.

Malgré ces défauts, au moment où l'interdiction par ses ayant-droit de republier Mein Kampf a cessé, la reparution de cette réponse me paraît nécessaire et urgente. En même temps que le serait la publication d'une version actualisée qui prenne en compte les nouvelles idéologies païennes (néonazisme, fondamentalismes, djihadisme...), mais cela serait un autre problème. Commençons par republier les textes existants.

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