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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

À propos de « Hiram et Bellone. Les francs-maçons dans la Grande Guerre (1914-1918) » d’Yves Hivert-Messeca

Rédac'

Mais qui donc est cette Bellone ? La compagne ou la sœur de Mars, dieu de la guerre, et déesse elle même, dans le même registre belliqueux  L’auteur ne donne pas de clef pour le choix de son titre paru chez Dervy. Cela doit constituer sa dimension ésotérique... Sinon, il s’agit d’un très sérieux travail sur la franc-maçonnerie avant, pendant et après la Première guerre mondiale. L'auteur a d'ailleurs été distingué par un prix spécial du jury au dernier salon du livre maçonnique, pour l'ensemble de son oeuvre.

À propos de « Hiram et Bellone. Les francs-maçons dans la Grande Guerre (1914-1918) » d’Yves Hivert-Messeca

L’un des principaux intérêts de ce que propose Yves Hivert-Messeca dans sa nouvelle production, entre les tomes 3 et 4 de son histoire des franc-maçonneries européennes, est justement de présenter un bilan très détaillé du point de vue statistique de la maçonnerie au début du XXème siècle, mais à l’échelle internationale, et ce pour tous les pays impliqués dans cette  première guerre mondiale. Il y avait  plus de deux millions de maçons dans le monde en 1913, à 99% masculins, dont près des trois quarts se trouvaient aux États-Unis, 480 000 en Grande-Bretagne, 180 000 en Europe continentale et 55 000 en Amérique latine.  À partir des années 1930, et avant le fort déclin que nous connaissons depuis quelques  dernières décennies, les maçonneries anglo-saxonnes allaient encore se développer. Mais à l’époque elles étaient déjà à la fois quantitativement importantes et divisées.

L’auteur trace à partir de cet état des lieux une géopolitique qui montre ce que furent les efforts de coordination internationale, impuissants devant la  force des nationalismes dans lesquels s’inscrivirent la quasi totalité obédiences maçonniques, à mesure que les hostilités qui allaient s'avérer aussi atroces que massives se précisaient. On apprend au passage que, dans un premier temps, la Grande loge unie d’Angleterre, très anglicane et très conservatrice, regardait plus volontiers vers Berlin que vers Paris, à la fois pour des raisons de concurrence politique internationale et de maçonnerie. L’auteur parle plus généralement pour cette époque d’une véritable babélisation de la franc-maçonnerie dont l’universalisme, sensé constituer l'une de ses principales valeurs, fut pour le moins mis à mal. Certes, à partir de 1917, des réflexions maçonniques pacifistes commencèrent cependant à émerger et beaucoup de maçons s’investirent dans la Société des nations (SDN), ancêtre de l’Organisation des nations unies (ONU), créée en juin 1919, partie prenante du traité de Versailles. Mais ce renouveau de l’universalisme  après le grand massacre devait à son tour très vite être écrasé par la montée des totalitarismes.

La Grande guerre, fut aussi « le tombeau d’Hiram », un maçon mobilisé sur neuf étant tué. L’ouvrage met également à jour ce que furent les loges militaires, celles des prisonniers et la place que prirent dans les ateliers e à la tête des obédiences les anciens combattants, dès après l'armistice.

Ce livre touffu constitue une contribution originale et précieuse à l’histoire maçonnique, avec une dimension internationale d’autant plus importante qu’elle est rare et une somme impressionnante de références.

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