Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Le numéro de décembre janvier de Franc-maçonnerie magazine commence par un dossier consacré à l’histoire d’un classique du monde ésotériste, le mouvement rose-croix et à celle d’un courant religieux qui connut un renouveau à la fin du XIXe siècle, le catharisme. Jean-Moïse Braitberg et William Pesson font un intéressant rappel de ces univers méta-religieux pour le premier, chrétien intégriste pour le second. Avec « Des cathares au saint Graal, la construction d’un mythe moderne » et « Rose-croix, la quête inachevée ou l’initiation des invisibles », les auteurs montrent comment les ésotéristes modernes ont usé et mésusé de ces référents
Par ailleurs, on trouvera dans ce numéro de quoi contenter tout le monde ou presque dans la très diversifiée franc-maçonnerie française : fondation et exposition du Grand orient de France (GODF), interview du Grand-maître de la Grande loge nationale française (GLNF), Jean-Pierre Servel, compte rendu d’un gala de charité de la Grande loge traditionnelle et symbolique Opéra (GLTSO), coup d’œil sur le grand temple de Clermont-Ferrand.
Par ailleurs, Dominique Morillon nous invite à visiter l’exposition Oscar Wilde au Petit Palais, Denise Oberlin défend fort justement les femmes et la liberté, Jiri Pragman nous donne quelques nouvelles internationales et Henri Pena-Ruiz traite un sujet qui pourrait être d’épreuve de philo au bac : « Tout est-il permis si dieu n’existe pas ? ». On n’oubliera pas le maçon mystère présenté par Irène Mainguy dont l’identité, pas trop difficile à dénicher, sera dévoilée dans le prochain numéro.
On nous permettra cependant de considérer le dernier et bref article signé par Hervé Hoint-Lecoq comme le plus intéressant de cette nouvelle livraison du magazine, parce que le plus original. Il relève d’une proposition, confier au tuileur (tyler ou tiler), en plus de son épée, un seau, un balai et une serpillière, non point pour une quelconque parodie, mais parce que cet officier était jadis chargé d’effacer le tableau de loge dessiné par lui-même ou par un autre. C’est également lui qui s’occupait des convocations et, comme il sied encore aujourd’hui, il lui revenait de garder la porte du temple. Il occupait donc à la fois les fonctions de couvreur, secrétaire et nettoyeur, bref, un cumulard. Toute plaisanterie mise à part, de telles contributions montrent à celles et ceux qui en douteraient encore à quel point la tradition est bien une construction.