Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Rédac'
À l’issue de son dernier convent en août dernier, le Grand orient de France (GODF) a communiqué, comme chaque année, l'état de ses effectifs. Au 30 juin 2016, l'obédience de la rue Cadet comptait 53 388 frères et sœurs, au lieu de 51 700 au 31 décembre 2015, soit une augmentation de 3,6%. En 2015, on aura dénombré 2 806 réceptions dans 1 305 loges, avec un âge moyen des petits nouveaux de 45 ans. On nous précise que la proportion est de 11,9% d'apprentis et 9,9% de compagnons et donc près de 80% de maîtres. Cela dit, l’obédience, comme d'autres, continue lentement de vieillir, avec un âge moyen qui atteint 59 ans, au lieu de 56 ans en 2004.
Quant au nombre de sœurs, il avait atteint 2 387 à la fin de 2015. Les femmes ne formaient donc que 4,6% du nombre total des membres, alors que l’obédience leur est ouverte depuis six ans. Majoritairement, elle ont été directement reçues au Grand orient (58,6%), les affiliées provenant principalement de quatre autres obédiences : pour 29,8% du Droit humain (DH); 23,9% de la Grande loge féminine de France (GLFF) ; 21,1% de la Grande loge mixte de France (GLMF) et 14% de la Grande loge mixte universelle (GLMU). Cela veut dire qu’environ 320 soeurs sont parties du DH pour rejoindre le GODF ; environ 250 viennent de la GLFF ; 250 ont quitté de la GLMF ; 150 sont issus de la GLMU. Cela fait que l'on peut considérer qu’hommes et femmes confondus, l’ouverture à la mixité aura fait basculer environ 3 000 maçonnes et maçons vers le Grand orient, une minorité étant demeurée en double appartenance.
Les spécialistes estiment que c'est autour de 30% de membres d'une minorité dans une structure que celle-ci peut être considérée comme mixte. Nous en sommes très loin dans ce cas de figure, d'autant plus qu'aucune femme n’encore accédé au Conseil de l’ordre ni, à notre connaissance, à quelque exécutif que cela soit. La masculinité, encore structurelle et historiquement pesante, résiste et la féminisation de la rue Cadet est donc des plus lentes. La parité semble s’annoncer pour l'horizon lointain des calendes grecques…