Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Rédac'
Dans son numéro 185, la célèbre revue noire s’attaque à une analyse fouillée des titulaires des colonnes du temple Jakin et Boaz, dont la présence ou la transposition sont attestées à la fois dans les traditions maçonnique et compagnonnique. C’est Gaël Meigniez qui s’est attélé à cette tâche érudite.
Comme l'explique Pierre Mollier dans son introduction, " (...) Le dialogue sur les deux colonnes du Temple de Salomon est le noyau primitif des rituels maçonniques. La transmission de ces ‘mots du Maçon’, attestée tout au long du XVIIe siècle en Écosse, apparaît au cœur du plus ancien rituel complet connu, le manuscrit des Archives d’Edimbourg. Avec ce travail majeur, l’auteur nous ramène donc aux origines mêmes de l’enseignement symbolique et spirituel de la franc-maçonnerie. D’ailleurs, de nos jours encore, J et B ouvrent toujours la voie initiatique sur laquelle s’engage le Maçon (...)"
Gaël Meigneiz a repéré pas moins de sept versions de la personnification des deux colonnes. Cela lui permet d'étudier successivement le rite émulation, le rite du royal secret, un catéchisme maçonnique précoce de 1724, le rite égyptien de Cagliostro, la Stricte observance templière, la présentation de J et B comme Messies, la référence à Isis et Osiris et un "Jachin gisant " utilisé comme mot de passe.
L'auteur travaille ensuite sur les personnifications des deux titulaires des colonnes du temple repérables dans les traditions religieuses. A ce titre, il envisage successivement l'herméneutique judaïque, sa déclinaison chrétienne, la mystique dans les deux traditions et la théologie critique du XIXème siècle.
Dans la troisième et dernière partie, Meigniez, s'appuie principalement sur les textes d'Agricol Perdiguier, pour prendre en compte le patrimoine symbolique du compagnonnage à travers la généalogie des deux maîtres Jacques et Soubise. Dans ce cas aussi, il existe plusieurs versions, celle de la Sainte-Baume et celle, d'origine strasbourgeoise, des Tours d'Orléans. leurs partisans se sont affrontées sur fond d'intolérance religieuse.
Le deuxième numéro de cette 47ème année,186, daté d'Avril 2017, est consacré à Moderns, anciens et alentours. Nous en rendrons compte très prochainement sur ce blog.