Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
L’ouvrage est sorti en 2002 aux éditions de La Découverte et vient de paraître en format de poche (564 pages pour 14,90 euros). « Tueuses, ogresses, sorcières, pédophiles, hystériques, criminelles, délinquantes, furies, terroristes, kamikazes, cheffes de gang, lécheuses de guillotine, soldates, policières, diablesses, révolutionnaires, harpies, émeutières, pétroleuses, viragos, guerrières, Amazones, boxeuses, génocidaires, maricides… ». Une fois ne sera pas coutume nous coupons/collons ci-dessus ce que propose le document de presse de cet ouvrage choral pour dérouler une liste de ces termes fleuris qui installent les stéréotypes et bloquent la pensée.
Sous la direction de Caroline Cardi et Géraldine Pruvost, pas moins de 27 auteures dont quelques auteurs parmi lesquels l’inévitable mais précieux Eric Fassin, ont participé à cet effort de convoquer l’anthropologie l’histoire, la linguistique, la littérature et la sociologie pour penser ce que beaucoup préfèrent ce pas savoir.
Dans sa préface, Arlette Farge rappelle qu’une opération comparable (Cécile Dauphin et Arlette Farge (dir.) De la violence et des femmes, Albin Michel, 1997) avait été accueillie par un silence qui s'était avéré violent pour celles et ceux qui avaient préparé le travail pendant trois ans. Mais le monde a changé, y compris celui des idées, et les féministes n’ont plus l’impression de se tirer une balle dans le pied en étudiant sous toutes ses facettes une violence qui ne vienne pas des hommes. Plusieurs articles reviennent sur le fait que ce sont des femmes qui le plus souvent se sont retrouvées responsables de cette longue occultation. Autant dire qu'une telle somme de recherches sera d’une grande utilité pour documenter le refus qu’un féminisme moderne, qu’il soit féminin ou masculin, fait de toute forme d'essentialisation. Les femmes douces et pacifiques existent, mais les hommes de ce style aussi.
L’intérêt de ce Reader réside également dans la varié de terrains pratiqués où s'exerce la violence: monde politique, croisement du privé et du politique, traitement institutionnel, figurations et défigurations. Les têtes de chapitre donnent une idée de la variété des articles qui est également géographique (Brésil, Liban, Mali, Pérou, Rwanda…) et thématique (violences lesbiennes, violence pédophile féminine comme figure impensable…). En postface, avant une bibliographie exhaustive, Rose Lagrave note que ce travail qui risque de semer quelque trouble dans le genre amènera peut-être à s’interroger à la fois sur la violence sociale de manière plus générale et sur une non-violence dont nous dirons qu’elle ne se limitera pas à la résistance affichée des femmes de guerrier. D'où l'intérêt de proposer cette somme de réflexions en format de poche.