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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Les Légendes ont la peau dure, même trois siècles après. À propos de « 1717. L’Initiation de la franc-maçonnerie » de Michel König

Rédac'

Nous sommes, aujourd’hui, dans l’année du tricentenaire de la fondation de la Grande loge de Londres. Selon les Constitutions d’Anderson, ce serait de cet acte de fondation, faisant suite aux délibérations de plusieurs membres de la Royal Society réunis sous le couvert d’une taverne dont il ne reste, aujourd’hui, aucune trace, que serait née la franc-maçonnerie spéculative. L’opuscule que nous propose ici Michel König (éditions Conform, 2017) se place dans la droite continuité du film DVD de François de Smet, La Clef écossaise, sorti en 2007. Il s’agit de donner corps à la légende de fondation par la voix des personnages qui ont été définis par les Constituions comme étant les moteurs de l’existence de l’Ordre. C’est sous l'apparence d'une d'enquête qui serait conduite non sur un décès, comme c’était le cas pour l’ouvrage de Roger Dachez et Alain Bauer, Les Mystères de Channel Row paru, lui aussi en 2007, mais sur une naissance, celle de la franc-maçonnerie spéculative.

On sait qu’un épais mystère persiste à entourer cette naissance comme un voile jeté volontairement sur les événements qui l'ont initiée. Et pour cause ! Il n’existe aucune trace tangible de l’existence même de la Taverne, sinon quelques pistes a posteriori,  et encore moins de traces objectives, sinon les lignes d’Anderson. Cela expliquerait sans doute le manque de passion de la part des historiens à célébrer ce tricentenaire avec tout le battage qu’il aurait mérité.

L’ouvrage est clairement un point d’encrage dans la multitude d'écrits réalisés à l’occasion de ce tricentenaire et vient nous rappeler les grandes lignes du mythe fondateur de la Grande loge de Londres, première Grande loge.

Cette enquête intègre les conditions politiques qui prévalaient dans l'Angleterre de la fin du XVIIe ainsi que les courants philosophiques et scientifiques qui agitaient le pays à cette époque. Il n’en reste pas moins l’absence remarquée de Sir Christopher Wren, dernier grand représentant de la Compagnie des maçons de Londres qui décéda en 1723 et dont on dit qu’il fut l’un des moteurs de l’unification de quatre loges de Londres : L'Oie et le Grill, La Couronne, Le Pommier, Le Gobelet et les Raisins qui se seraient réunies le 24 juin 1717 afin de décider de se soutenir mutuellement. Ce soutien mutuel sera nommé « Grande loge de Londres » et son président, son Grand maître aurait été le plus ancien maçon, un Anthony Sayer. Cet événement passa quasiment inaperçu à l'époque. Il faut dire que le quartier n’était pas réputé pour ses passions philosophiques. En effet, la taverne connue, aujourd’hui des manuels sous le nom de Goose and the Gridirion n’a pas toujours porté ce nom. Suite à l’installation, dans ses locaux, d’une très réputée compagnie de musiciens et, en raison des décorations de son salon, lesquelles représentaient Apollon portant sa lyre, on la nomma d’abord The Swan and Lyre Ale House (Cf. Henry C. Shelley, Inns and taverns of old London Europäischer Hochschuleverlag, Bremen 2010). Les habitués connaissaient mieux l’endroit sous le nom de The Musick Room, en référence à la Worshipful Company of Musicians de Londres qui y tenait régulièrement ses assemblées et y donnait des récitals. Son emblème était un cygne et la lyre d’Apollon. Après le grand incendie qui fut la cause de la disparition des archives de la Compagnie des maçons de Londres, la Swan and Lyre Ale House fut reconstruite et renommée The Goose and the Gridiron, en raison de l’armorial de la compagnie qui avaient longtemps occupé les salons de l’ancienne taverne (Cf. Joël Jacques, « La Sociabilité londonienne aux sources de la franc-maçonnerie des moderns », Critica masonica, n°5 novembre 2014).

Toujours est-il que l’ouvrage de Michel König, composé dans la droite ligne du souci d’étude et de précision de l’« École Authentique » de l’« historiologie » maçonnique française apporte un rappel intéressant et de lecture très agréable quant la légende des origines. C’est un ouvrage concis et facile à lire.

 

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