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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

À propos de « Au sources du REAA. Le cahier de loge du Vénérable Tarade, manuscrit témoin de la vie maçonnique de 1761 à 1776. Transcriptions et commentaires » de Claude Gagne et Dominique Jardin

Jean-Pierre Bacot

 

Parmi les musiciens francs-maçons du XVIIIème siècle, Théodore-Jean Tarade n’est certes pas le plus connu. Il est né en 1731 à Paris et est parti en 1788 pour son orient éternel à la Flèche. Il fut à la fois violoniste, auteur-compositeur, rédacteur de traités et éditeur de musique.

 

Tarade fut reçu en maçonnerie en août 1750. En 1761 il était vénérable de la loge parisienne Saint Théodore de la Sincérité. Au cours de sa vie de grand voyageur, on le retrouva comme membre fondateur de loges à Lyon, Metz, Saintes et Besançon. Autant dire qu’il fut un maçon actif avant qu’il ne démissionne en septembre 1766, brouillé avec ses frères. Il partit ensuite avec son épouse devenue sœur monter une maison d’édition qui fit rapidement faillite.

 

Claude Gagne, grand collectionneur de rituels anciens qu’il a confiés à la bibliothèque du suprême conseil de France de la rue de Puteaux, a déniché un important document concernant cette loge que dirigea Tarade : les cahiers dont il se servait pour oeuvrer. Claude Gagne nous offre avec Dominique Jardin un de ces pavés, ou plutôt une de ces pierres taillées propres à soutenir l’édifice d’une mémoire maçonnique de plus en plus vivace. Les auteurs nous proposent en effet, chez Dervy, l’intégralité du corpus en fac simile sur la page gauche avec la transposition du texte ur la page droite.

 

Cahiers de la loge masculine, rituels de la loge d’adoption pour les dames, rituels des hauts grades de l’époque que l’aristocratie cherchait à se réserver en écartant les bourgeois de plus en plus nombreux en loge symbolique, sans oublier les comptes-rendus des tenues de 1763 à 1776... Il y a de quoi  se sustenter en se replongeant dans l’ambiance et la langue incertaine du XVIII ème siècle prérévolutionnaire à un moment d’instabilité obédientielle.

 

Pierre Mollier a préfacé ce gros livre et François Rognon a réalisé une belle introduction. On passera ici sur les nombreuses annexes, toutes plus passionnantes les unes que les autres et on notera, à toutes fins utiles, que tout le vocabulaire qui concernait des sœurs était alors féminisé.

 

Pour les mélomanes avertis, il sera possible de rechercher les partitions de Tarade, faute d’enregistrements, le détail en étant établi pour le lecteur par la musicologue Michelle Garnier-Panafieu. On pourra également traquer chez les bouquinistes spécialisés les traités de violon ou de clarinette écrits par le compositeur. Qui sait si des musiciens baroqueux en quête de nouveauté n’en profiteront pas pour proposer aux structures maçonniques un programme de concert. Claude Gagne et Dominique Jardin seront au premier rang.

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