Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
JPB
C’est ce que peut appeler un beau livre et même un très beau livre. Deux auteurs, Ludovic Marcos et Ronan Loaëc, un préfacier, Pierre Mollier et un postfacier, Daniel Keller, sont partis à la découverte d’un patrimoine qui s’avère exceptionnel, celui des temples maçonniques français. Certains sont très anciens et d’autres plus récents, construits pour accompagner les développements de la franc-maçonnerie française. Ludovic Marcos pour les textes et Ronan Loaëc pour la photographie ont réalisé ce bel ouvrage publié chez Dervy, fort de 624 pages, comprenant pas moins de 1.100 illustrations (49€).
On commence par un parcours historique : « Comment le temple vint aux maçons ». Grâce aux quelques lieux conservés dans leur jus, on peut à la fois se replonger dans un cadre ancien et mesurer les évolutions en notant en particulier ce que furent quelques influences notables comme l’égyptomanie ou l’imaginaire républicain. L’affaire est détaillée dans le deuxième chapitre avec les éléments de décorum basés sur les principaux symboles maçonniques, le mobilier, les fresques, les vitraux, les cabinets de réflexion, certains temples étant chargés jusqu’à l’excès, d’autres restant très dépouillés. 90% des lieux ayant moins de trente années d’âge, cette partie largement majoritaire du patrimoine nous renseigne sur un imaginaire contemporain épuré et ce que furent les interprétations diverses et variées de la tradition.
Cela se remarque en détail dans la troisième partie où, par ordre alphabétique, d’Agde à Villeurbanne, en passant évidemment par la capitale, plus de 200 lieux sont joliment photographiés et agréablement commentés. Les titulaires de la carte grands voyageurs pourront compter ceux qu’ils auront fréquentés et rêver de tenir loge à Florac dans une ancienne chapelle romane, certes sans voûte étoilée, ce qui n’est peut être pas un mal si l’on voit à quoi se sont risqués certains peintres de ciel nocturne.
D’autres seront probablement vexés que leur très cher temple ne soit pas mentionné, mais les auteurs s’en sont excusés dès l’introduction. Ayant déjà doublé leur projet originel, ils ont été dépassés par la richesse de ce qu’ils ont inventorié. Quoi qu’il en soit, ce bel ouvrage mérite d’être conservé parmi les rares qui déclinent le contenant des réflexions, des rencontres, des débats, des cérémonies. Ce cadre peut créer une ambiance, nul ne l’ignore, et cela peut interroger au vu de la diversité des ressentis qui nous est ici proposée.