Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Julien Vercel
L’affaire arrive devant les tribunaux à cause d’un article de Léon Moussinac. Ce journaliste a publié, le 15 octobre 1926 dans L’Humanité, une critique négative du film Jim le harponneur (The Sea Beast de Milard Webb) : « Le type même du mauvais film américain et du mauvais films tout court ».
Or ce film est distribué en France par la Société des cinéromans dont le dirigeant, Jean Sagène attaque en justice L’Humanité du fait du préjudice commercial engendré par la mauvaise critique. Dans L’Humanité du 14 mai 1926, Léon Moussinac rappelle, avec ironie, une déclaration de Jean Sagène : « J’ai réussi dans le camembert, dans le journalisme, il n’y a aucune raison que je ne réussisse pas dans le cinéma » (VIGNAUX Valérie, Un intellectuel communiste, Léon Moussinac critique et théoricien des arts, Association française de recherche sur l’histoire du cinéma-AFRHC, 2014).
En attendant, le 20 mars 1926, le journal communiste est condamné à 500 francs de dommages-intérêts. Mais le 12 décembre 1930, la cour d’appel prononce la relaxe. Le texte de Léon Moussinac n’a pas à être considéré comme du dénigrement d’un produit industriel, mais comme la critique d’une œuvre d’art. Cette décision « contribue à la légitimation du cinéma comme étant un art, et non plus seulement une industrie » (CHAMPOMIER Emmanuelle, « En1926, le combat pour le droit à la libre critique des films », theconversation.com, 5 novembre 2017).
À suivre