Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Les lectrices et lecteurs de ce blog ne s’étonneront pas que nous intervenions à propos de la volonté du président de la République de renouer avec les catholiques. Cette attitude a soulevé une vague de contestation de la planète laïque et d’une bonne partie de la gauche. À cette protestation contre la rage d’un converti, nous nous associons bien volontiers.
Pour autant, nous avons maintes fois montré, statistiques à l’appui, que le dit-catholicisme français était moribond et que le clergé auquel Emmanuel Macron vient de s’adresser n’en a plus pour très longtemps (un quart de siècle à peine) avant de ne subsister qu’à l’état de traces. Comme le titulaire du poste élyséen est encore jeune (40 ans), il devrait pouvoir observer de son vivant, et même avant l’âge de la retraite, non seulement un clergé en totale déshérence, mais aussi une pratique en baisse constante, des couvents désertés et parfois reconvertis.
En conséquence, la Présidence ferait bien d’associer sa sollicitude à une promotion active des soins idéologiques palliatifs. « Réparer un lien abîmé avec les catholiques » a déclaré Macron, dans une attitude que l’on peut considérer non seulement comme réactionnaire, mais aussi comme complètement décalée avec la réalité sociale. À moins qu’il s’agisse d’une nouvelle forme de défense du patrimoine français, à la fois matériel et immatériel, ou encore d’une ruse politico-calino-thérapeutique pour accompagner une disparition annoncée ?
Il y a dans l’Église catholique des intellectuels qui sont parfaitement au courant de cette évolution qu’ils vivent douloureusement. Mais ils sont trop rationalistes pour croire à une intervention divine. Soit dit pour celles et ceux qui se trouvent aujourd’hui, face au renouveau de l’offre politique, dans un quasi messianisme.