Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Rédac
Notre confrère et ami Hiram.be a posté récemment d’intéressantes données chiffrées concernant la franc-maçonnerie belge, reprises d’un article de synthèse de Christian Laporte : « La Belgique, terre maçonnique depuis trois siècles », publié dans l’édition du week-end des 10 et 11 février 2018 du quotidien La Libre Belgique. Nous avons reçu l’autorisation des deux auteurs de nous inspirer largement de leurs propos. Pour ce qui est des datations, rappelons aux Françaises et Français que la naissance de la Belgique elle-même date de 1830.
La plus ancienne et importante obédience du pays est le Grand orient de Belgique (GODB), créé en 1833. Il compte 115 loges pour 10 169 Frères. Le GODB reste en effet encore rétif à la réception des femmes. Question à l’étude des spécialistes…
La deuxième obédience en importance est la Fédération belge du Droit humain, fondée en 1928, qui fédère 108 loges, avec un effectif de 5 594 sœurs et 2 032 Frères, soit 7 826 membres. Par rapport à la Fédération française et eu égard à la population du pays, elle est bien plus puissante. Elle travaille au rite écossais ancien et accepté (REAA), mais le plus souvent sans invocation du Grand architecte de l’univers.
En troisième position, la Grande loge de Belgique, fondée en 1959, comprend 70 loges et 4 168 Frères. Cela correspond à peu de choses près à l’implantation de la Grande loge de France dont elle est proche. Elle travaille également au REAA, avec le Grand architecte.
Quant à la Grande loge régulière de Belgique créée en 1979, elle totalise 70 loges pour 1868 Frères, ce qui la met en position de faiblesse, non seulement localement, mais aussi par rapport à la Grande loge nationale française. Elle pratique pas moins de dix rites : écossais ancien et accepté, écossais rectifié, écossais philosophique, émulation, français, moderne, de New-York, californien, allemand, turc.
La Grande Loge féminine de Belgique, fondée en 1981 regroupe 47 loges et 2 240 Sœurs.Son implantation est à peu près comparable à celle de la Grande loge féminine de France.
Petite dernière à être apparue dans le paysage maçonnique belge, la Confédération des loges libres Lithos (la pierre en Grec), créée en 2006, avec aujourd’hui 28 loges, 460 Frères et 440 Sœurs ne peut que difficilement être comparée à des obédiences françaises, mais si c’était le cas, son effectif serait encore petit par rapport à celui de la Grande loge mixte de France par exemple. Elle est très largement mixte, mais admet des ateliers monogenre.
L’article de Christian Laporte ne fournit pas d’éléments sur la répartition par langue et par rite et encore moins sur le croisement de ces deux variables. Avis à nos lectrices et lecteurs belges, nous sommes preneurs de précisions sur la langue, ayant retrouvé la plupart des spécificités rituelles.
Pour la variable de sexe, un petit calcul nous donne 18 807 hommes, dont 16 315 maçonnant en masculinité et 2 492 en mixité ; 8 374 soeurs, dont 6 034 sont en mixité et 2 240 en monogenre. Comme en France, on constate que les hommes résistent bien plus que les femmes à la mixité.
Cela produit en tout cas au total à peu près 27 000 franc-maçonnes et maçons en Belgique, pour un pays de 11,5 millions d’habitants, soit une densité de 0,23%. En comparaison avec la France où on évalue à quelque 150 000 personnes l’effectif des maçonnes et maçons, pour 67 millions d’habitants, cela représente 0,22% de la population et correspond donc à des proportions très voisines.
Rappelons que Philippe Liénart a publié récemment chez Jourdan une Histoire de la franc-maçonnerie belge dont nous avons rendu compte sur ce blog. L’ouvrage couvre trois siècles d’histoire, depuis 1717 sur le territoire de l’actuelle Belgique, jusqu’à aujourd’hui.