Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Les six suites pour « violoncelle » de Johan Sebastian Bach (1685-1750) ont été composées à Köthen, en Saxe-Anhalt et éditées de 1720 à 1725, mais l’écriture en a probablement commencé vers 1717. Ces œuvres qui ont été créées pour des « basses de violon» dont il existait alors plusieurs sortes qui sont assez vite tombées en déshérence, même si les baroqueux les ont remises à l'honneur. Parmi elles figurent les célèbres violes de gambe. Ces instruments se sont peu à peu effacés au profit d’un violoncelle progressivement installé dans sa majesté, en raison de sa musicalité. Les plus grands spécialistes de cet instrument (Pau Casals, Jacqueline du Pré, Pierre Fournier, Anne Gastinel, Mstislav Rostropovich, Paul Tortelier, etc.) en ont proposé une version. Le prélude de la première suite a été souvent repris, notamment pour le cinéma.
Il est attesté que la sixième suite (BWV 1012) a été composée pour une sorte de violoncelle à cinq cordes (do, sol, ré la et mi, Viola pomposa ou violoncello da spalla, cf. l’illustration), probablement joué à l'épaule. Cela rend de nos jours l’interprétation passablement délicate sur un violoncelle moderne dépourvu de la cinquième corde aiguë. Il existe de ces suites une transposition pour alto (viola en italien), doté de quatre cordes, y compris pour la sixième suite, ensemble dont Gérard Caussé propose un magnifique enregistrement couplé avec des poèmes de Rilke lus par Laurent Terzieff. C'est semble-t-il la grande altiste Lillian Fuchs qui en aurait offert dans les années 1950 le premier enregistrement.
En 1720, Johan Sebastian Bach écrivit également trois sonates et trois partitas pour violon seul qui ont inspiré les plus grands artistes, dont Yehudi Menuhin, qui fut le premier à en graver une intégrale au milieu des années 1930. Ce fut aussi l’époque où le futur Cantor de Leipzig créa ses célèbres six concertos brandebourgeois (Brandenburgische Konzerte pour les puristes).
A la mort de Bach en 1750, une bonne partie de son œuvre tomba dans l’oubli. Si les romantiques, à commencer par Félix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) firent retour à une partie de ce corpus immense, il fallut cependant attendre 1936 pour que Casals sorte de l'indifférence les six suites pour violoncelle, dont le succès ne s'est depuis, jamais démenti.
Toutes ces œuvres pour instrument seul possèdent un aspect européen, dans la mesure où leurs mouvements sont directement inspirés de danses germanique (allemande), espagnole (sarabande), française (bourrée, gavotte), irlandaise (gigue), italienne (courante), comme l’explique un jeune et brillant spécialiste, Timothée Marcel.
Le violoncelliste a proposé récemment à plusieurs reprises un bel aperçu de ces suites à l'Eglise Saint-Ephrem-le-syriaque à Paris. Mais il n'est pas seulement un celliste germanophile, puisqu'il donne également en alternance avec le pianiste Elio di Tanna un programme Tchaïkovski, Glazounov et Rachmaninov.
Pourquoi nous direz-vous, parler ici de Bach? Certes, parce qu’il faut de petits ruisseaux pour alimenter les grandes rivières, même les fleuves russes post-romantiques. Mais c’est surtout, nous a-t-il semblé, qu’il n’y a pas dans la vie des maçonnes et maçons que la célébration de la naissance de la maçonnerie anglaise au début du XVIIIème siècle. Et même si les partitions des oeuvres que nous avons mentionnées ne suscitent pas de lecture ésotérique, un peu de Kultur / культура au creux de l'été ne saurait faire de mal. Nicht wahr? Правильно?
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Timothée Marcel - Les Suites pour violoncelle seul de Bach
Enregistré à l'église Saint Ephrem de Paris le 5 avril 2016 Jérémie Schellaert : réalisation & montage http://jeremieschellaert.com Timothée Marcel : violoncelle http://www.timotheemarcel.com
