Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Rédac'
Le numéro 82 de Rocambole (« Bulletin des amis du roman populaire ») est paru au printemps 2018. Il est consacré aux publications Ferenczi qui furent l’une des principales en matière de littérature populaire. Alain Fuzelier, Jean Luc-Buard, Daniel Compère continuent leur action bienfaisante au service des oubliés.
Jozsef Fischer est né à Baja en Hongrie en 1857 dans une famille juive. Il arriva en France en 1879. Vers 1888, il devint Joseph Ferenczy, le « y » final de son nom étant remplacé par un « i » en 1916-1917. En 1889, il fonda sa maison d’édition qui devint rapidement l'une des plus productives dans la diffusion de la littérature populaire.
Les nombreux amateurs de ce registre se réjouiront que plusieurs spécialistes offrent dans ce numéro leur érudite contribution à propos de celui qui fut l’une des principales locomotives de cette activité de transmission massive de l’imaginaire littéraire dans le monde francophone.
Après une présentation générale de Daniel Compère et Jean-François Le Deist, le premier nommé traite des débuts de Ferenczy avec la publication de romans en livraisons, les fameux ouvrages de trente deux pages de la « littérature à deux sous », ainsi celle de revues satiriques et grivoises.
En 1907-1908, la maison d’éditions change d’échelle et lance plusieurs collections dont une destinée à la jeunesse, ce qu’étudie Myriam Quéré (auteure d’un mémoire de DEA sur Ferenczi), tandis que Jacques Baudou s’attache à l’édition des romans policiers.
L’année 1927 vit la création d’une imprimerie à Paris. Jean-Luc Buard, étudie ce que furent les rapports des écrivains avec Ferenczi autour de Maurice Level, auquel le précédent numéro de Rocambole était consacré, et de Colette. Après la mort du fondateur en 1934, c’est le fils, Henri, qui reprit l’affaire. Marie Puren détaille la manière dont la maison fut « aryanisée » entre 1940 et 1941. Enfin, un article de Marcel Hutin (paru dans Le Figaro en 1894) s’attache à revisiter les débuts de Ferenczy grâce aux déclarations de l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio, l’assassin de Sadi Carnot.
En Varia, Jérôme Serne propose de redécouvrir « dans les mines du second rayon » le roman Les Enfants de la louve (1931) d’André Boucher, inspiré par un article publié par Le Temps en 1908. Les archéologues de la littérature populaire ont encore frappé.
Deux comptes rendus d’ouvrages sont également proposés: celui d’Alfu (alias Alain Fuzelier, l’un des piliers de la revue), qui vient de produire un Léon Sazie - Zigomar et Cie. Criminels et policiers dans le roman populaire (1906-1938) (Encrages éditions, collection « lectures populaires » n° 1) et celui de Dominique Kalifa, grand pontife de l'histoire des médias Tu entreras dans le siècle avec Fantômas (éditions Vendémiaire).
Ce numéro se termine sur une importante rubrique de l'infatigable Patrick Ramseyer, « le coin des pseudonymes », dévoilant de nombreux alias utilisés par les écrivains populaires.