Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Quinzinzinzili », l’univers messacquien, 37ème !

Un nouveau numéro de ce trimestriel indispensable aux amateurs d’histoire et d’actualité de la littérature populaire/policière est disponible. Olivier Messac commence par se plaindre à juste titre de l’attitude de la commission paritaire des agences de presse qui refuse d’intégrer son magazine de dix ans d’âge au régime économique de la presse, en prétextant un rapport distendu à l’actualité. Et le rédacteur en chef de se demander fort à propos si la commémoration ne serait pas par hasard un fait d’actualité. Il en donne la preuve, non sans humour, en organisant la titraille de ce numéro dans un style journalistique. Le titre de l’éditorial est à ce titre éclairant : « L’actualité a cinquante ans ».

Avec « Les frasques oubliées de Nanterre », Jean Paul Morel et Noëlle Renard mettent en valeur ce que fut l’activité artistique des occupants de cette Université en 1968, bien oubliée à l’heure du cinquantenaire, avec une insistance sur les poèmes et les peintures de Claude Desjacques (Claude Bergerat, 1928-1998) qui fut, entre autres, ami de Barbara, producteur, écrivain et philosophe. Suit un article sur la fresque, hors frasque, réalisée et installée en 1969 à Nanterre par Yvan Messac qui avait disparu, mais qui se trouve aujourd’hui réinstallée à partir d’une esquisse qui avait été fort heureusement conservée. Quinzinzinzili a un petit côté familial, cela n’a jamais échappé à ses lecteurs. Yvan Messac est d’ailleurs membre du comité de rédaction.

On trouve, en poursuivant la lecture, un article de Guibert Lejeune sur les ouvrages qui ont suivi le livre séminal de Régis Messac Detective Novel. Plusieurs auteurs (Robert Deleuse, Marc Lits, Hélène L’Heuillet) ont en effet construit après lui une histoire du polar et de ses branches rapidement diversifiées. Il est aussi question dans cette contribution de Baudelaire et de Poe et du traducteur et éditeur de ce dernier, Claude Richard.

Pour ne pas déroger au nécessaire hommage aux grands oubliés de la littérature populaire, hommage est rendu par Anne Gabriel à François Hoff, écrivain spécialiste des supercheries littéraires, nonobstant les fictions parues dans les almanachs alsaciens dont il produisit plusieurs recueils sous le titre Les Enquêtes rhénanes.

L’analyse d’une controverse nous est ensuite offerte. Il semble que le roman Un homme chez les microbes de Maurice Renard, paru en 1928 et réédité en 1956, aurait inspiré le film de Jack Arnold, sur un roman et scénario de Richard Matheson, The Shrinking Man (L’homme qui rétrécit), sorti en 1956. Le problème soulevé par Etienne d’Issensac est que nulle mention ne fut faite de l’emprunt. Le débat de spécialistes sur cette épineuse question amène à revenir sur d’autres titres qui auraient pu permettre à la famille de Renard de demander des comptes. L’érudition sans faille de l’équipe de Quinzinzinzili donne l’occasion de retracer ce qui en un demi-siècle, de Jules Lermina à Herbert George Wells « a joué avec cette idée que l’homme peut être artificiellement rendu plus grand ou plus petit ». Il semble que plusieurs auteurs  qui s’étaient emparés de la question, notamment au moment de la controverse précitée, se soient référés au Micromégas de Régis Messac, mais sans l’avoir lu, puisqu’il était alors réputé introuvable. Ce livre aujourd’hui réédité nous parle, entre autres, de l’ouvrage de Maurice Renard.

Trois autres contributions terminent ce numéro, avant le mot croisé de Milvane. Étienne d’Issensac s’intéresse aux miniaturisations permises aujourd’hui par les nanotechnologies optiques et Jean-Guillaume Lanuque traite d’un livre de Jean-Michel Riou, 10.000 jours pour l’humanité inspiré de la redécouverte du roman perdu de Jules Verne Paris au XXème siècle. On l’aura compris, cette nouvelle livraison montre la cohérence de la démarche d’Olivier Messac et de sa petite équipe dans sa volonté de mise en actualité d’une histoire oubliée, sans une once de complotisme, juste pour rendre justice. Le corps du résistant et écrivain Régis Messac (1893-1943) ne fut jamais retrouvé. De cette absence est né un univers décliné numéro après numéro, ancré sur un imaginaire émancipateur.

Contact : amis@regis-messac.fr

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article