Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Aimablement fourni à la rédaction par une amie de la revue et du blog, ce livre publié en 1999 et réédité en 2004 (éditions Alain Piazolla), n’a pas pris une ride et est réputé introuvable.
Dans une première partie, l’auteur s’attache à l’environnement politique et social et aux groupes précurseurs, en particulier les confréries du XVIIème siècle et, plus anciennement, les Giovannali du XIVème, franciscains dissidents et, pour certains, « Cathares corses ». Ils formaient une fraternité mixte chrétienne, mais dont l’auteur estime qu’elle était déjà marquée par une forme de laïcité et qui fut déclarée hérétique par le pape d’Avignon Urbain V et dûment massacrée.
Quant à la franc–maçonnerie dite spéculative, elle arriva relativement tard dans l’Ile de Beauté, en tout état de cause après 1760. La Parfaite union à Bastia fut créée en 1774. Il exista probablement une activité maçonnique antérieure, portée par des voyageurs qui purent recevoir quelques éléments locaux. Mais les archives manquent pour l’attester.
Bastia, Corte, Ajaccio, Bonifacio, connurent ensuite, entre 1780 et 1870 des loges dont le fonctionnement fut sans cesse menacé par une instabilité politique et institutionnelle. Sous la IIIème République, l’activité fut davantage soutenue et des documents permettent de connaître ce que fut la sociologie des ateliers. Par exemple L’Étoile des monts à Bastia, qui comptait 122 membres en 1872 dont 37 militaires, 26 commerçants et négociants, 13 ingénieurs et architectes et 13 membres d’une profession judiciaire.
Charles Santoni prend soin de citer l’ensemble des travaux d’érudits dont il a nourri sa synthèse et n’oublie pas les influences carbonaristes qui auront pu donner un parfum d’italianité à une maçonnerie corse alors très française.