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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Une barbarie de moins en moins douce et une collaboration de plus en plus forte ? (3/4)

Julien Vercel

 

L’État essuie des manifestations et des oppositions fortes dans la mesure où il est devenu le défenseur d’un modèle repoussoir de société avec ses politiques publiques qui participent au néolibéralisme (1). C’est d’ailleurs cette collaboration, cette alliance entre l’État et le néolibéralisme qui définit le mieux « le nouveau monde » politique. Ce phénomène de collaboration a de lointaines racines. Après les racines européennes (2), c’est au cœur même du service public que cette collaboration s’organise.

 

Comment le service public s’invente en low cost

 

            Dans « Le retour de la 3ème classe ? Comment déclasser sans larmes dans le service public » (laviedesidees.fr, 16 octobre 2018), Dominique Memmi constate que la période d’élargissement progressive de l’accès au service public a été remplacée par une période de segmentation sociale des usagers. La stratification des usagers et des services offerts serait en train de remplacer la démocratisation.

 

Cette stratification s’est d’abord caractérisée par un service « à deux vitesses » dans le secteur de la santé avec les consultations privées dans les hôpitaux publics (loi n°70-1318 du 31 décembre 1970) ; la création du secteur 2 « conventionné à honoraires libres » (convention médicale du 29 mai 1980 approuvée par arrêté du 5 juin 1980) ; les concessions de service public accordée aux établissements privés (loi n° 91-748 du 31 juillet 1991). Il existe certes des cliniques privées peu recommandables, mais c’est au sein même de l’hôpital public qu’a été créé ce qu’il est permis d’appeler une « 3ème classe » s’ajoutant aux « deux vitesses » précédentes : les « permanences d’accès aux soins » (PASS de la loi n°98-657 du 29 juillet 1998), ouvertes dans le but louable de proposer une solution médicale aux populations précaires ou sans papier, n’offrent qu’un service public au rabais où les temps d’attente sont plus longs et les prestations incomplètes. L’instauration d’une « 3ème classe » se fait toujours au nom du « mieux vaut ça que rien » et c’est ainsi que la convention des chirurgiens-dentistes du 1er juin 2018 instaure la prise en charge des prothèses selon 3 niveaux de remboursement où seules les dents en métal sont remboursées complètement !

 

Le marché de la mort avait vu la suppression des 5 classes d’enterrement dans les années 1960. mais l’ouverture à la concurrence à partir de 1993 inverse la tendance. Et là aussi, apparait une « 3ème classe » avec les « convois sociaux » depuis 2004 (loi n°2004-1343 du 9 décembre 2004) puis en 2013 avec la formule « Révolution obsèques » de la Ville de Paris qui propose du low cost mais entièrement géré par internet (www.revolution-obseques.fr).

 

Enfin qu’est le « TGV OuiGo » sinon une « 3ème classe » de transport ferroviaire avec des départs à des horaires matinaux, des attentes obligatoires et des services à bord très réduits ?

 

C’est ainsi que les services publics comme les entreprises segmentent leurs clientèles. L’enseignement supérieur le fait depuis longtemps avec le maintien d’un système dual entre grandes écoles et universités, les « deux vitesses ». Là encore, à l’intérieur des universités, la segmentation opère avec l’affectation des professeurs les moins expérimentés et les plus précaires dans le premier cycle ou la mise en place de « pré-requis » pour l’accès aux autres cycles.

 

Les exemples européens de Damien Broussolle (2) et ceux des services publics de Dominique Memmi incitent à revenir vers nos deux premiers auteurs, Jean-Pierre Le Goff et Barbara Stiegler, pour tenter une conclusion provisoire.

 

À suivre : L’aristocratie, la République et le consentement

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