Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
La Kanaky pourra-t-elle donner un exemple de postcolonialisme réussi ? Il faudra attendre le prochain referendum, prévu en octobre 2020, pour en avoir une idée plus précise. En attendant, une équipe de journalistes de Mediapart, placée sous la direction de Joseph Confraveux, établit un état précis du dossier, en commençant par rappeler l’histoire de ce territoire négligé par les Anglais et conquis en 1853 par Napoléon III. L’ouvrage est publié chez La Découverte.
En 1878, une révolte éclata, menée par Ataï, dont Louise Michel fut témoin dans son exil forcé consécutif à son rôle dans la Commune de Paris. Elle nota le mépris des colonisateurs pour un peuple jugé primitif et devant être massacré sans pitié.
À partir de 1988, un processus de décolonisation de l’archipel a été enclenché par les accords de Matignon, après la tragédie de la grotte d’Ouvéa pour laquelle le livre donne le détail des méthodes employées par l’armée française et l’identité des membres du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) qui n’ont jamais été inquiétés. Les auteurs estiment que la cohabitation entre Kanaks qui ont failli jadis disparaître et Caldoches peut aussi bien s’améliorer que dégénérer en une nouvelle conflagration.
Si l’indépendance devait avoir lieu, le socle des pratiques coutumières pourrait-il générer une économie originale ? C’est ce que se plait à imaginer Joseph Confraveux qui place son espoir sur la période de vingt ans prévue pour une évolution en douceur de cet « archipel géographique et ethnique », à toute fin d’échapper une France porteuse d’un universel à géométrie variable.
Trois provinces, une tentative de cohabitation ethnique et économique déjà en cours, l’espoir est ténu, mais les bonnes volontés existent pour privilégier l’emploi local, partager les fruits de la croissance, gérer un rapport à la terre raisonné…
Reste que le livre fut écrit avant la crise sanitaire de la Covid-19 et que le référendum d’octobre promet de se dérouler dans des conditions délicates, voire dans une certaine indifférence, d’autant que France O vient de cesser d’émettre, faute de téléspectateurs.