Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Écosse, Hadrien et la licorne » d’Assa Samaké-Roman

Julien Vercel

L’autrice a séjourné une première fois en Écosse grâce au programme Erasmus en 2010 et y est installée depuis 2018 comme journaliste indépendante. C’est un des pré-requis pour la collection « L’âme des peuples » aux éditions belges Nevicata, de marier des connaissances académiques avec un vécu in situ.

Assa Samaké-Roman réussit à tenir cet équilibre dans ce petit livre (86 pages). On y trouve donc les courts passages obligés sur le loch Ness, la panse de brebis farcie ou encore le kilt : « La tradition veut qu’on ne porte rien sous son kilt, mais je ne l’ai jamais vérifié moi-même »... alors qu’un sondage indiquerait que seulement 38% des porteurs de kilt le « portent en mode ʺcommandoʺ ».

Mais le sujet du livre est bien l’Écosse d’aujourd’hui, « une nation du vingt et unième siècle beaucoup plus multiculturelle et diverse qu’on pourrait le penser », une nation au « nationalisme civique » où « ce qui compte, ce n’est pas tant d’où vous venez, mais où vous voulez aller ». Et l’autrice de raconter comment elle y a d’abord été considérée comme « new Scot » plutôt que d’être vue comme une « immigrée ».

La vision de l’Écosse est cependant nuancée. Assa Samaké-Roman ne manque pas de rappeler plusieurs aspects négatifs : l’Écosse est ainsi la nation européenne qui compte le plus de morts par overdose de drogues dures ; le passé d’enrichissement par l’esclavage et l’impérialisme britannique y est encore peu connu ; il existe un racisme et un sectarisme envers la communauté catholique irlandaise et même le Scottish National Party (SNP) au pouvoir ne manque pas de contradictions quand il affiche sa volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2040 mais poursuit l’exploitation du pétrole et du gaz en mer du Nord !

Les entretiens qui composent la deuxième partie de l’ouvrage avec Sir Tom Devine, historien, Dani Garavelli, journaliste, et Nadine Aisha Jassat, poétesse, permettent également à l’autrice de préciser et nuancer son enthousiasme.

Il ressort cependant de la lecture de l’ouvrage l’image d’une nation qui semble bien en route vers son indépendance. La « dévolution » qui a rétabli le parlement d’Edimbourg en 1999 a certes déjà conféré à l’Écosse des pouvoirs sur l’éducation, la justice, la santé, l’agriculture, l’environnement et la police. Elle apparaît aujourd’hui comme une étape tant les promesses des Anglais n’ont pas été tenues et l’échec du référendum d’indépendance de 2014 a été éclipsé par le vote du Brexit en 2016 : « la pilule du Brexit passe d’autant plus mal qu’on leur avait martelé, en 2014, que le seul moyen de rester dans l’Union [européenne] était de dire non à l’indépendance, car qui disait indépendance disait nouveau processus, sans doute long, pour réadhérer au club européen ». On peut compter sur Assa Samaké-Roman pour nous tenir informé, car la suite s’annonce passionnante.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article