Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Georges Bormand
Contrairement à ce qu'on peut penser à la lecture des premiers chapitres, il ne s'agit pas d'une étude universitaire sur le fonctionnement de la science-fiction (SF), étude qui paraîtrait vouloir démontrer une thèse 41+ en choisissant les références qui vont dans le sens de cette thèse. Même si les premiers chapitres en donnent l'impression à un lecteur qui viendrait de lire une thèse orientée du même genre ailleurs et sur un autre sujet... Alors j'ai, au début du livre, été énervé, en particulier dans une discussion sur Facebook et je m'en repens un peu.
Cet essai de 600 pages présente une volonté subjective, celle de l'auteur, et ne cherche pas comme je le pensais au départ à présenter la SF d'une façon qui serait orientée. Ariel Kyrou ne cache pas que, avec un certain nombre d'auteurs et autres artistes, il désire défendre une certaine science-fiction, ni comment la SF peut être associée à certains projets, non sans signaler la présence d'autres projets liés à l'imagination science-fictive. Les premiers chapitres confrontent certains usages de la SF, ceux que défend l'ensemble du livre et ceux qui s'y opposent, mais n'a aucune prétention à l'exhaustivité.
Les comparaisons et oppositions entre les grands projets technocratiques -que ce soient ceux presque opposés d'Elon Musk, de Jeff Bezos, de Mark Zuckerberg, de Ray Kurzweil[1], ou des différents mouvements transhumanistes- et leurs représentations dans un certain nombre d'œuvres de SF, laissent la place dans les derniers chapitres aux différentes pistes proposées pour le développement de l'écologie, d'une économie du partage, de politiques libertaires et non libertariennes.
Le livre s'appuie sur un certain nombre d'auteurs comme Ursula K. Le Guin, Kim Stanley Robinson, Philip K. Dick, Catherine Dufour, Olivia Butler, et aussi Alain Damasio dont un court essai, décrit comme une « volte-face », s'intercale entre les chapitres de présentation générale et ceux présentant les nombreuses recherches philosophiques, artistiques, théâtrales d'une « eutopie réalisable » auxquelles Ariel Kyrou a participé ou qu'il a rencontrées... En fin de compte, il s'agit d'une présentation complète de ce désir qu'il partage avec un certain nombre d'autres auteurs, penseurs et artistes. Passionnante et argumentée.
[1] Respectivement : patrons de Tesla, Amazon, Facebook et haut dirigeant de Google.