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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Point de vue / La fin justifie-t-elle les moyens ?

L’humeur (marseillaise) d’Augustine

À propos du tour de passe-passe à la mairie de Marseille entre la maire, Michèle Rubirola, et son premier adjoint, Benoît Payan, certains se plaisent à nous dire : « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » (1).

***

Vous dites : déni de démocratie ?

− Mais vous n’y êtes pas du tout, les Marseillaises et les Marseillais ont voté pour un collectif « Le Printemps Marseillais » et non pour sa seule représentante, Michèle Rubirola.

Donc, qu’importe que les Marseillaises et les Marseillais aient élu une femme, de surcroît écologiste, à la mairie de Marseille et que cinq mois après la ville se retrouve avoir pour maire « un » apparatchik socialiste, Monsieur Benoît Payan ?

− Cela n’a pas d’importance chers kamarades, car ce qui compte, c’est le collectif…

− Et voyez-vous, chers kamarades, « la démocratie à la marseillaise », c’est ça !

***

Mais, plus sérieusement, que pouvons-nous attendre de ce nouveau maire qui procède de stratagèmes si peu démocratiques pour parvenir à ses fins ? Avec derrière lui, des adjointes et adjoints qui, pour certaines et certains, sont complices de cette forfaiture et d’autres, qui se retrouvent être les otages de cette pantalonnade politique.

Ce qui nous questionne le plus dans ce ballet de chaises musicales, ce sont les raisons qui ont amené Madame Michèle Rubirola à se faire complice de cette duperie démocratique. Car enfin, si cette femme est malade (ce dont nous ne doutons pas), l’est-elle au point de ne pouvoir assurer sa place de magistrate à la mairie ? Cela laisse supposer que sa santé se serait gravement dégradée en cinq mois ?

Vous comprenez bien que l’action subreptice dont la mairie a fait l’objet puisse interroger les Marseillaises et les Marseillais ? Et, pour cette raison, ils sont en droit de se demander comment Madame Rubirola parviendra à tenir son nouveau poste de première adjointe, qui requiert une somme de travail quasiment aussi importante que celle de Maire, surtout dans une mégapole comme Marseille ?

Dans cette affaire, tout laisse tristement à penser que ces « petits arrangements entre amis » avaient été convenus entre Madame Rubirola et Monsieur Payan, avant son élection, sinon pourquoi aurait-elle confié à Monsieur François Lamy (2) qu’elle rencontre peu de temps après son élection (car pressenti pour être son directeur de cabinet) : « Tu es au courant que je ne reste que trois mois ? » (3).

Et quand bien même, se serait-elle trouvée en incapacité de tenir la mairie de Marseille pour des raisons de santé, pourquoi n’avoir pas fait le choix, pour son remplacement, d’une femme venant, comme elle, de la société civile et de préférence écologiste, ce qui aurait été plus conforme au vote des Marseillaises et des Marseillais qui l’avaient élue sur ces critères-là, sachant, en outre, que le « Printemps Marseillais » ne manque pas de femmes de talent ? Mais, nous dit-on, le règlement du Conseil municipal prévoit que le premier adjoint se présente à la place du maire démissionnaire…

Si cette affaire a été préméditée, il faut reconnaître que la manœuvre en a été bien pensée et menée !

Beaucoup trop de questions se posent pour que nous puissions croire à la sincérité des transactions qui ont occupé, à la mairie de Marseille à ce moment-là, les élus du « Printemps Marseillais ».

Or, si l’on nous assure que tout va pour le mieux à la mairie de Marseille, cette nouvelle situation ne nous semble, cependant, pas de bon augure…

Bref, « qu’importe que le chat soit noir ou gris pourvu qu’il attrape les souris » (4).

 

_______________

1. Alfred de Musset, La Coupe et les Lèvres, 1831.

2. Ministre délégué chargé de la Ville dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, de 2012 à 2014.

3. Ariane Chemin et Gilles Rof, Le Monde, 14 octobre 2020.

4. Deng Xiaoping, 1961.

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J
Je découvre ce texte et le débat qu'il a généré<br /> Je crois me souvenir que tout le monde ou presque disait, à Paris, là où je suis, et sans soute ailleurs : "Cette Maire elle est nulle, elle en sait pas s'exprimer"<br /> J'espère que ce ne sont pas les mêmes qui viennent maintenant la pleurer.<br /> Enfin bref, il y a des articles plus intéressants sur ce blog, heureusement.
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M
Il ne s’agit pas de complot, mais bien sûr de « l’art de la guerre », transposé en politique : le principe du Cheval de Troie en quelque sorte. Les intentions de vote ne donnaient pas Benoît Payan vainqueur, alors ils ont mis Michèle Rubirola tête de liste du PM et elle a gagné cette élection en juillet 2020. <br /> <br /> Mais la fête n’a duré qu’à peine cinq mois. Dès l’annonce de la démission de Michèle Rubirola et quoi qu’on en pense, ce coup d’éclat politique fût un choc pour les Marseillais-es. Mais surtout toutes ces femmes qui au lendemain de son élection étaient tellement heureuses de ce changement radical dans cette ville, historiquement machiste, où l’élection d’une femme représentait une avancée symbolique majeure, avant qu’elles ne découvrent la réalité de la supercherie avec cette « interchangeabilité » programmée. Cela ne remet pas en question les bonnes intentions dont nous honore Benoît Payan, qui devra faire advenir les changements indispensables à une meilleure qualité de vie, écologique et sociale, dans cette ville, mais il n’est pas une femme... <br /> <br /> Au-delà du fond, c’est la forme qui interroge. C’est ce qu’exprime sans arrière-pensées, Augustine dans son Billet, mettant en exergue les paradoxes de ce retournement à la Mairie de Marseille. Le billet d’humeur comme type d’écrit constitue une alternative à la caricature, aux traits parfois trop appuyés. <br /> <br /> Le respect de la démocratie reste, me semble-t-il, un des sujets principaux du blog Critica Masonica, puisqu’il a été le thème du numéro 16 de la revue et qu’il le sera également pour le numéro 17, comme annoncé sur le blog pour sa sortie en janvier 2021. <br /> <br /> Le cadre maçonnique n’est-il pas celui du questionnement ?<br /> <br /> Dans les commentaires, il est fait cas de sollicitude que j’associe à la notion de care (prendre soin de l’autre) comme l’état de santé de l’ex-Maire Michèle Rubirola, elle-même médecin, l’expression « ne pas tirer sur les ambulances » dans un contexte de plus aggravé par la pandémie. Toutefois, il me semble que dans la même situation, à l’égard d’un homme, cette notion de care n’aurait pas été utilisée ? Même si la parité est de mise en politique aujourd’hui, nous sommes loin d’une société égalitaire où, à l’égard des femmes, des homos et des noirs (pour reprendre les termes d’un des commentateurs), tout serait limpide… Dans cette société du spectacle, décrite par Guy Debord dans ses écrits, nous ne serions que des produits tous interchangeables… Sans être essentialiste, et parce que la démocratie a un sens pour moi, je considère que non, « la fin ne justifie pas les moyens ».
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C
Autre point, pour alimenter le débat, mes TT CC SS et FF<br /> Un Maire, une Maire ne peut choisir celle ou celui qui lui succédera<br /> En cas d'intérim la Loi prévoit que c'est le premier adjoint ou la première adjointe qui prend légalement le relais<br /> Puis c'est au Conseil municipal d'élire un conseiller ou une conseillère parmi les candidats<br /> La fameuse société civile, concept d'ailleurs contestable, s'il s'en trouvait dans l'équipe des membres éminents et féminins, aurait pu se manifester.<br /> On peut en tout cas regretter que le complotisme aille se nicher dans de tels détails
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J
J'ajoute que l'une des principales dérives du féminisme, démarche dont j'ose me réclamer, dérive surtout sensible en terres anglo-saxonnes, mais qui grignote nos terres latines est l'essentialisation des genres, qu'il s'agisse du féminin ou du masculin.<br /> De plus avec l'évolution des mentalités, du gouvernement aux conseils municipaux bien des assemblées sont paritaires pur ce qui est du genre et d'autres déterminations qu'il convient également de ne pas essentialiser sont devenues indifférentes: orientation sexuelle, origine ethnique etc.<br /> Donc quand quelqu'un remplace quelqu'une ou le contraire, quand un hétéro remplace un homo, ou le contraire, quand un noir remplace un blanc ou le contraire, on ne peut rien dire qui ne soit déplacé.<br /> En revanche, dans une assemblée politique, l'orientation idéologique est la seule détermination. Si la politique environnementale ou sociale de la Mairie de Marseille devait être modifiée, si l'équilibre entre les divers courants devait être bouleversé, alors les remarques seraient pertinentes. Mais dans ce registre, attendons pour voir et, surtout, pour ceux qui habitent Marseille, on peut souhaiter que celles et ceux qui s'indignent participent activement à la vie de la cité.
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A
On ne tire pas sur les ambulances, Augustine, surtout en ces moments si difficiles.<br /> <br /> Pour habiter Marseille et m'intéresser de près à ce qui s'y passe, nous savons de très bonne source que Madame Rubirola est effectivement malade et que cela s'est dégradé brusquement, jusqu'à ce qu'un traitement la stabilise. Je constate également que Monsieur Payan est tout à fait à même de résister aux forces hostiles qui l'entourent. Si Apparatchik il est, tant mieux, nous ne sommes pas, dans cette ville, moins qu'ailleurs, dans un monde de bisounours.<br /> <br /> A propos de ces personnes qui ont souvent joué aux chaises musicales aux niveaux communautaire, départemental ou régional, il y aurait à dire, si cela en amuse certains.<br /> <br /> Mais plus important: concernant l'orientation de ce blog, c'est à dire en termes d'humanisme en actes, il faudrait voir ce qui s'est déjà fait en quelques mois pour commencer à réparer la deuxième ville de France, plutôt que d'en rajouter dans une peapolisation démobilisatrice.<br /> <br /> D'ailleurs, pas plus tard qu'hier, la désormais première adjointe, ancienne médecin dans les quartiers nord de Marseille, les plus pauvres, a poussé un coup de gueule sur France Info contre les lenteurs d'une politique de vaccination gouvernementale qu'elle juge bien plus efficace que les couvre-feu à 18 heures.<br /> <br /> Quant à Payan, recherchez ce qu'il a dit récemment des migrants qui se noient en Méditerranée. Je ne crois pas qu'il soit maçon, mais sur ce point, il mériterait de l'être.<br /> <br /> Bref, je ne comprends vraiment pas ce mouvement d'humeur contre-productif.<br /> <br /> Le culte du chef ou de la cheffe, la personnalisation du pouvoir, relèvent d'un ancien poussiéreux. Il y a à la tête de Marseille un binôme efficace et, derrière, tout une équipe d'hommes et de femmes qui commence à résorber l'habitat indigne, redonner un peu de lustres aux écoles négligées, bref à appliquer le programme pour lesquelles électrices et électeurs ont renvoyé la corruption régnante qui entretenait le Marseille-bashing aux oubliettes d'une histoire déjà bien chargée.<br /> <br /> Restons pour en conclure dans un cadre maçonnique. SI une vénérable descend de charge en cours de mandat et est remplacée, réglementairement par un premier surveillant, ira-t-on aller hurler au coup monté?
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