Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
L’humeur (marseillaise) d’Augustine
À propos du tour de passe-passe à la mairie de Marseille entre la maire, Michèle Rubirola, et son premier adjoint, Benoît Payan, certains se plaisent à nous dire : « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » (1).
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Vous dites : déni de démocratie ?
− Mais vous n’y êtes pas du tout, les Marseillaises et les Marseillais ont voté pour un collectif « Le Printemps Marseillais » et non pour sa seule représentante, Michèle Rubirola.
Donc, qu’importe que les Marseillaises et les Marseillais aient élu une femme, de surcroît écologiste, à la mairie de Marseille et que cinq mois après la ville se retrouve avoir pour maire « un » apparatchik socialiste, Monsieur Benoît Payan ?
− Cela n’a pas d’importance chers kamarades, car ce qui compte, c’est le collectif…
− Et voyez-vous, chers kamarades, « la démocratie à la marseillaise », c’est ça !
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Mais, plus sérieusement, que pouvons-nous attendre de ce nouveau maire qui procède de stratagèmes si peu démocratiques pour parvenir à ses fins ? Avec derrière lui, des adjointes et adjoints qui, pour certaines et certains, sont complices de cette forfaiture et d’autres, qui se retrouvent être les otages de cette pantalonnade politique.
Ce qui nous questionne le plus dans ce ballet de chaises musicales, ce sont les raisons qui ont amené Madame Michèle Rubirola à se faire complice de cette duperie démocratique. Car enfin, si cette femme est malade (ce dont nous ne doutons pas), l’est-elle au point de ne pouvoir assurer sa place de magistrate à la mairie ? Cela laisse supposer que sa santé se serait gravement dégradée en cinq mois ?
Vous comprenez bien que l’action subreptice dont la mairie a fait l’objet puisse interroger les Marseillaises et les Marseillais ? Et, pour cette raison, ils sont en droit de se demander comment Madame Rubirola parviendra à tenir son nouveau poste de première adjointe, qui requiert une somme de travail quasiment aussi importante que celle de Maire, surtout dans une mégapole comme Marseille ?
Dans cette affaire, tout laisse tristement à penser que ces « petits arrangements entre amis » avaient été convenus entre Madame Rubirola et Monsieur Payan, avant son élection, sinon pourquoi aurait-elle confié à Monsieur François Lamy (2) qu’elle rencontre peu de temps après son élection (car pressenti pour être son directeur de cabinet) : « Tu es au courant que je ne reste que trois mois ? » (3).
Et quand bien même, se serait-elle trouvée en incapacité de tenir la mairie de Marseille pour des raisons de santé, pourquoi n’avoir pas fait le choix, pour son remplacement, d’une femme venant, comme elle, de la société civile et de préférence écologiste, ce qui aurait été plus conforme au vote des Marseillaises et des Marseillais qui l’avaient élue sur ces critères-là, sachant, en outre, que le « Printemps Marseillais » ne manque pas de femmes de talent ? Mais, nous dit-on, le règlement du Conseil municipal prévoit que le premier adjoint se présente à la place du maire démissionnaire…
Si cette affaire a été préméditée, il faut reconnaître que la manœuvre en a été bien pensée et menée !
Beaucoup trop de questions se posent pour que nous puissions croire à la sincérité des transactions qui ont occupé, à la mairie de Marseille à ce moment-là, les élus du « Printemps Marseillais ».
Or, si l’on nous assure que tout va pour le mieux à la mairie de Marseille, cette nouvelle situation ne nous semble, cependant, pas de bon augure…
Bref, « qu’importe que le chat soit noir ou gris pourvu qu’il attrape les souris » (4).
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1. Alfred de Musset, La Coupe et les Lèvres, 1831.
2. Ministre délégué chargé de la Ville dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, de 2012 à 2014.
3. Ariane Chemin et Gilles Rof, Le Monde, 14 octobre 2020.
4. Deng Xiaoping, 1961.