Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Arsène
Avis à celles et ceux que l’histoire maçonnique intéresse, Alain Bauer et Jean-Claude Rochigneux viennent de publier aux éditions Dervy un matériau original et abondant: la liste de toutes le questions proposées à l’étude des loges, de 1844 à aujourd’hui, dans pas moins de huit obédiences françaises (certaines ne figurent pas dans la liste parce qu’elles n’ont pas choisi d’utiliser ce système). Jean-Philipe Hubsch, actuel Grand Maître du Grand Orient de France, présente le travail en constatant que la capacité des maçons à l’anticipation s’est érodée au fil des années.
Ces questions sont, en général, votées par les assemblées annuelles, les convents, et nous renseignent évidemment sur l’état des préoccupations d’une époque et sur la spécificité des structures. Elles sont discutées en loge, puis font l’objet de synthèses, forcément décevantes. Mais l’essentiel est que les débats aient eu lieu avec de nombreuses contributions. On pourrait reprendre à ce propos la notion d’agenda, ou d'ordre du jour, à savoir que le plus important dans un tel processus n'est point tant ce que l’on pense mais à quoi l’on pense.
En parcourant cet ouvrage, on constatera par exemple que les préoccupations spiritualistes de la Grande Loge de France, qui a rompu avec ce système de questions à l'étude des loges en 2015, sont assez récentes et que pour beaucoup d’obédiences un équilibre est recherché entre les types de questions. En tout état de cause, on peut remercier les auteurs de cet ouvrage d’avoir pensé à recueillir cette mémoire qui donne une idée partielle, mais sérieuse, de ce sur quoi les maçonnes et maçons ont réfléchi.