Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Mélisande De Bussy
Le vent d’Amérique nous amène un néo-keynésianisme (en gros, un regain d’intervention économique régulatrice). Du coup, sur place et surtout au sud, les Trumpistes en avalent leur casquette. Chez nous, les néolibéraux sont pris de panique. Si les Yankees se mettent à taxer les grandes entreprises, qu’allons-nous devenir, nous qui avons décrété que leurs milliards devaient ruisseler et irriguer l’économie ?
Une négociation est en cours au niveau européen pour définir ce que l’on peut décemment exiger comme contribution des géants au bien public, dont certains milliardaires locaux, experts en absence de transparence fiscale. Il semble que l’on s’acheminerait vers un compromis proposé par le Portugal, actuellement en charge de la Présidence du Conseil Européen. Il s’agirait d’établir, au sein de l’Union européenne, une comptabilité pays par pays, méthode destinée à éviter la recherche de lieux d’imposition invisibles. Les entreprises déclareraient donc à chaque pays européen le détail de leur stratégie fiscale. Ce principe serait étendu aux pays connus pour être des paradis fiscaux. Les informations à caractère sensible ne pourraient être divulguées avant six années.
Les néolibéraux sont ici face à une contradiction majeure. Soit ils iront dans le sens de l’histoire et d’une forte pression d’une partie de l’opinion informée par les ONG pour ne pas perdre le peu de voix « progressistes » qui seront nécessaires électoralement parlant. Soit ils en viendront à désespérer les richissimes qui les soutiennent. Il faudrait, pour que le monde avance dans le bons sens, du point de vue de la justice et de la morale, apporter son appui aux Portugais. Mais le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. Dès lors, tout en continuant à prendre pour la galerie une posture de chevalier blanc, la France chercherait à torpiller cette initiative, et ce en prenant directement son argumentaire dans un rapport du Medef. Des ONG et des politiques, ayant découvert le pot aux roses, se hérissent contre cette forme de lobbying qui ne se cache même plus.
Jadis, lors des « Nuits debout », avait été avancé ce thème de séparation du Medef et de l’État (notre image). Prôner le séparatisme est parfois utile, n’est-ce pas ? Reste à savoir, une fois de plus, ce que la connaissance d’une telle imbrication des puissances économiques et politiques entraînera : de l’étonnement, du dégoût, de l’indignation, du ressentiment, de l’accablement, de l’indifférence, de la colère ?