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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Rire du pire / « Il était une fois sur cent » d’Yves Pagès

Jean-Pierre Bacot

Très sérieux, ce label « Zones » aux éditions de la Découverte est une collection dirigée par le philosophe Grégoire Chamayou. Nous avons parlé [ICI ou ] et reparlerons sur ce blog à la fois de cet intellectuel utile et de cette collection. Qu’on se rassure, l’ouvrage d’Yves Pagès, très bien écrit, émoustillant, relève bel et bien de la critique sociale et politique, mais sur un ton plaisant. L’auteur, à qui l’on doit déjà plusieurs livres, part de sa passion pour la statistique pour nous livrer plus de 80 textes courts, où les chiffres sont utilisés avec un humour qui flirte avec l’absurde. On aura compris que la fameuse « vision comptable du monde » est ici taillée en pièces, en petits bijoux littéraires.

Sous-titré « Rêveries fragmentaires sur l’emprise statistique », ce : Il était une fois sur cent peut être avalé d’une traite ou dégusté par petites gorgées. Nous avons choisi de vous offrir l’un des textes les plus courts pour ne pas être accusé d’abuser du droit de citation :

Leçons de savoir vivre : interrogée sur l’augmentation des outrages, menaces et autres incivilités à l’égard des machinistes de la RATP, Raymonde, une conductrice de bus du Val d’Oise a bien voulu se risquer, sous couvert d’anonymat à tirer un bilan approximatif : «  En fait, sur 1000 personnes, t’as 5 abrutis maximum », avant que son collègue, Damien, y apporte une nuance qualitative : « Et il n’y a pas que les jeunes racailles, 50% des fois, c’est des mères de famille avec poussettes qui me gueulent dessus parce que je suis en retard sur l’horaire affiché ou alors c’est des vieux qui veulent descendre où ça leur chante, entre deux stations. »

Le livre, qui vient de sortir; vendu 14 euros, comporte quelques notations savoureuses sur le/la Covid. Cela ne l’empêche pas de s’attaquer aux métaphores éculées et de traiter, parfois sous la forme d’aphorismes, plus d’un thème qui pourrait être repris dans une campagne électorale d’un style nouveau. On trouvera en effet dans ce livre des perles, comme la comparaison des quelques 500 loups qui repeuplent nos montagnes et des milliers de brebis galeuses, entendez les migrants, ceux que l’on a droit de traquer…

Yves Pagès, responsable des éditions Verticales, abritées par Gallimard et spécialisées dans la littérature française contemporaine, termine son ouvrage par une apologie du rêve, le monde ayant tendance à se dégrader au réveil.

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