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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Le Mouvement - La lutte des africains-américains pour les droits civiques » de Thomas C. Holt

Jean-Pierre Bacot

Préfacé par Michèle Zancarini-Fournel pour les éditions de la Découverte, cet ouvrage de l’universitaire américain Thomas. C. Holt choisit de montrer « par le bas » ce que fut la lutte pour l’émancipation des Noirs aux Etats-Unis, notamment entre 1955 et 1965. Sans mépriser en quoi que ce soit ceux qui ont fait avancer la cause par le haut, d’Abraham Lincoln à Martin Luther King, l’auteur s’attache à rappeler le comportement, souvent héroïque, des hommes et des femmes qui ont bravé les conditions iniques de la ségrégation.

L’ouvrage nous trace le portrait d’un pays ségrégué dans les décennies qui ont suivi la deuxième guerre mondiale où nombreux avaient été les soldats Noirs à défendre la démocratie dans le monde. Fort utile est ce rappel, tant ce combat émancipateur commence à être oublié, bien que relativement récent. Droit de vote, accès à l’emploi, au logement et à l’éducation, rien ne fut acquis pour les Noirs américains avant 1965, un siècle après la fin de la guerre civile.

On nous rappelle au passage deux éléments structurels qui sont encore opératoires.Le premier est l’existence d’un « upper south » qui comprend le Missouri, l’Arkansas, le Kentucky, le Tennessee, la Virginie occidentale, Washington DC et la Caroline du Nord. Holt différencie cette bande de territoires du « deep south » où l’esprit sécessionniste fut jadis le plus fort et où le travail agricole des Noirs resta essentiel bien après leur émancipation officielle. Plus au Nord, au centre du pays, l’économie était davantage diversifiée et le racisme moins puissant.

L’autre élément tient au poids des Démocrates du Sud, très marqués à droite, ces éléments réactionnaires ayant investi le parti démocrate pour peser sur les décisions en cas de victoire aux diverses élections, attitude qui existe encore aujourd’hui.

Par ailleurs, Thomas C. Holt avance la thèse selon laquelle la lutte des Noirs aurait préfiguré celle des femmes ou des Amérindiens aux États-Unis. Cela resterait à étayer pour être prouvé, sauf à intégrer la lutte antiraciste dans un mouvement général d’émancipation dans une étude générale.

Reste un point de détail : le choix dans le titre et, parfois, dans le texte, de l’expression « Africains-américains », quelque peu anachronique puisque née à la fin des années 1990. Dans ce cas-là, il ne faudrait d’ailleurs pas écrire « Blanc », mais « Caucasien ». Bien des « afro-européens » refusent au demeurant cette dénomination.

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