Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Catherine Deneuve et Yves Saint Laurent. Un style entre écran et podium » de Guillaume Jaehnert

Julien Vercel

Avec son étude publiée chez L’Harmattan (2020), Guillaume Jaehnert s’intéresse à la collaboration entre Catherine Deneuve et Yves Saint-Laurent à travers les costumes de ses films, depuis Belle de jour (de Luis Buñuel, 1967) jusqu’à Place Vendôme (de Nicole Garcia, 1998). L’entreprise est particulièrement originale.

En effet, le sujet n’est pas abordé avec un schéma du type « Pygmalion et Galatée », le créateur masculin et le corps féminin à modeler. Au contraire, l’auteur, à travers sa notion d’« égérinat », décrit un système inscrit dans la longévité et la réciprocité, un système où « les costumes apparaissent (...)  comme un trait d’union entre les personnages que [Catherine Deneuve] incarne à l’écran et ses convictions de femme ». À la différence de l’égérie, l’égérinat se caractérise par la mise en valeur de tout le corps. Si des liens financiers se nouent, ils découlent de la relation mais n’en sont pas à l’origine. Enfin Catherine Deneuve est d’abord une actrice qui a accédé à la fonction de mannequin et non l’inverse. Avec cette relation privilégiée, le couturier et l’actrice « se sont appuyés l’un sur l’autre pour bâtir leur talent et leur notoriété ».

L’actrice fait preuve d’une grande influence sur la confection des costumes. « Les costumes de Deneuve sont construits par un jeu d’alliance entre des emprunts aux formes vestimentaires des collections commercialisées et une personnalisation spécifique au rôle tenu par l’actrice » et le couturier sait donner un style à la femme ; « un savant équilibre entre tradition et modernité », sans l’effacer derrière ses vêtements.

Les allers-retours fructueux et documentés entre le plateau de tournage et la maison de couture permettent à Guillaume Jaehnert de développer plusieurs autres notions. Par  exemple, il évoque ces « films-vestiaires » qui confèrent une place centrale au vêtement dans la mise en place de l’identité de Catherine Deneuve au cinéma. Il propose aussi la notion de « mannequin-plateau » quand les créations de cinéma nourrissent le podium des défilés, car les prestations à l’écran de Catherine Deneuve aident Yves Saint-Laurent à dessiner ses silhouettes pour ses défilés.

Et l’auteur de conclure : « en suggérant son couturier aux réalisateurs, dès l’âge de vingt-trois ans, et devant un metteur en scène expérimenté et influent (Buñuel), Deneuve a démontré qu’elle seule tient le pinceau pour peindre son portrait, et que c’est Yves Saint-Laurent qui en détient les couleurs ».

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article