Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Ces temps de crise sanitaire et sociale mettent à jour des tensions que ce numéro 228 de Réseaux cherche à éclaircir. La problématique de cette livraison est longuement explicitée par Patrice Flichy dans sa présentation : il existe des objets-frontière et des disciplines qui peuvent se heurter. S’il n’est pas facile d’y voir clair, il est cependant nécessaire d’essayer de s’y retrouver.
Le premier exemple de cette problématique est donné par Fabrizio Li Vigni qui s’intéresse au monde de l’épidémiologie où une enquête a été menée dans des laboratoires, laquelle permet de mesurer le rôle que des experts non professionnels ont pu jouer dans la recherche et sa diffusion.
Baptiste Kotras, Pauline de Pechpeyrou et Bernard Quinio étudient quant à eux le milieu des préhistoriens où se heurtent des disciplines, sous le titre évocateur : « Indices, algorithmes et chasseurs-cueilleurs ». L’arrivée des mathématiques n’est pas en effet sans effet sur les chercheurs « traditionnels ».
Il revient ensuite à Dilara Vanessa Trupa de s’interroger sur la manière dont la liberté de transport des données (Open transport data) s’organise, en montrant des éléments transmis par un opérateur et qui sont en fait co-administrés par les utilisateurs.
Cédric Calvignac s’intéresse pour sa part aux arguments avancés par le mouvement californien du Quantified self, en étudiant la manière dont les principes avancés à son origine par les tenants d’une maîtrise de leur impact sur le monde sont ou non mis en œuvre réellement.
Dernier article de ce dossier, celui de Thomas Faugeras. L’auteur se penche sur les figures d’usagers dans les musées des Beaux-arts. Les établissements sont soumis à une double injonction : l’accessibilité et la digitalisation, mais n’associent que peu les visiteurs à cette évolution.
Ce n’est pas souvent qu’une revue de sciences sociales nous amène à sourire. On trouvera pourtant dans ce numéro un article en Varia d’Alexandre Rodrigue Mbassi sur tout ce qui a pu circuler sur les réseaux sociaux camerounais comme dérision du Covid 19. Un seul exemple : « Fermeture des espaces aériens. C’est aussi valable pour vous, les sorciers. Pour tous vos vols nocturnes, espaces aériens fermés s’il vous plaît ».
Autre Varia, réjouissant lui aussi, mais sur un autre plan, l’analyse par Aude Danieli des diverses mobilisations qui continuent à être utilisées contre les compteurs électriques Linky, appareils communicants, accusés à la fois d’être attentatoires aux libertés, mais aussi de diffuser des ondes nocives à la santé.
Si l’on regarde la diversité des signatures qui, de numéro en numéro, s’allonge, on se convaincra aisément que la revue Réseaux qui fêtera en 2023 ses quarante années d’existence, constitue une véritable épine dorsale de la recherche universitaire en sciences de l’information et de la communication.