Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
/image%2F1213701%2F20220107%2Fob_624e3e_d002192-72dpi.jpg)
Rédac’
L’idée libre
Très intéressant numéro que cette 335ème livraison de l’Idée libre (Décembre 2021), revue éditée par la Libre pensée. Elle est en grande partie consacrée aux forces centrifuges qui traversent le Royaume-Uni. Jean-Marc Schiappa commence par un article intitulé « De l’empire britannique au Royaume désuni », qui étudie à la fois la manière dont le capitalisme s’est installé outre-Manche et ce qu’il porte aujourd’hui comme traces d’essoufflement. Jean-Louis Alessandri continue avec une étude sur l’antisémitisme en Angleterre, qui se déchaîna entre 1889 et 1912. Catherine Le Fur poursuit avec Rule Britannia, article où elle nous rappelle que ce sont les millions de dollars venus des États-Unis qui ont évité au pays la ruine après la deuxième guerre mondiale.
Mathieu Ferradou nous propose une étude sur les Républicains irlandais dans leur lutte permanente contre l’Empire britannique. Dans la mème veine, Fabien Jeannier revient sur le 6 décembre 1921, date à laquelle fut signé le traité anglo-irlandais marquant la création de deux Irlande(s). Brian Mc Clinton estime pour sa part que l’on peut aller aujourd’hui au delà de la formule « Dieu et l’Ulster », en soutenant un mouvement vers une Irlande unie et laïque. Karin Fischer travaille quant à elle sur le malaise des unionistes d’Irlande du Nord, consécutif à la contestation de ses frontières après le Brexit.
Philippe Besson s’intéresse à une région dont on parle peu, le Pays de Galles, petit territoire dont l’autonomie croissante pourrait mener un jour vers une forme d’indépendance. Quant à l’Écosse, sur laquelle se penche Fabien Jeannier, elle semble devenue une terre d’incertitude, avec notamment la renaissance d’un courant conservateur. Pour autant, Alistair Mc Bay estime que l’on pourrait aller là aussi vers une Écosse indépendante et laïque.
Le numéro s’achève avec deux rubriques : la première, intitulée « Les hommes du Vatican » voit Philippe Besson revenir sur la personne de John Hume, décédé en 2020, acteur central des accords dits du « Vendredi Saint », lesquels, avec l’appui du Président américain Clinton et de Tony Blair, premier ministre britannique de l’époque, virent la fin du conflit irlandais. Le Pape François salua sa mémoire. Quant à la rubrique « Magazine » terminale, elle est consacrée à la menace religieuse qui pèse sur les droits de l’homme dans le monde. Une pression constante qui, selon Keith Porteous Wood, doit être prise au sérieux. Deux mouvements menacent en particulier les libertés publiques et privées, celui des évangélistes fondamentalistes et celui des « anti-choix ».
On aura compris que ce numéro de l’Idée libre propose un regard original sur la situation du Royaume-Uni, au sein duquel on a tendance à oublier qu’il existe plus que jamais un courant laïque propre à s’affirmer au moment où les déterminations religieuses, jadis prépondérantes, tendent à dépérir.
La Raison
/image%2F1213701%2F20220107%2Fob_67390b_laraison667-relecture.jpg)
667ème numéro du mensuel de la Libre pensée. Sa couverture appelle à faire payer l’église catholique française qui en a largement les moyens, après la publication du rapport Sauvé sur les crimes pédophiles commis en son sein, nonobstant les condamnations en justice passées et à venir. Un article en fin de numéro revient sur cette question. Vient en suite le rappel par le sociologue des religions Jean Baubérot de l’existence d’une « Vigie de la laïcité », associative, qui remplace le défunt Observatoire qui n’eut pas l’heur de plaire au pouvoir.
Plusieurs petits articles marquent la veille de la Libre pensée sur toutes les atteintes menées contre la laïcité dans le vaste monde. Vient ensuite un communiqué de presse de l’association qui fait suite à l’occupation des locaux de la Libre pensée à Limoges en septembre dernier. Il s’agit d’un rappel de ce que fut en 1975 la mise sous séquestre au Portugal du journal socialiste República. Les frères ennemis apprécieront la comparaison...
On lira ensuite une nouvelle interview de la préhistorienne Marylène Patou-Mathis à propos de son livre « L’homme préhistorique est aussi une femme », paru chez Allary. Il semble qu’au paléolithique, les femmes aient connu un statut comparable à celui des hommes, ce qui se mesure par le fait qu’elles mangeaient autant de protéines que les mâles. Mais les choses se sont gâtées au néolithique. Quoi qu’il en soit, l’auteure insiste sur le fait qu’il faut espérer une étude moins genrée d’une préhistoire qui ne doit plus être considérée comme une période unique et globale.
Parmi les nombreux articles de ce numéro, on notera celui de Christophe Bitaud sur les parodies cinématographiques concernant la franc-maçonnerie, notamment Les Compagnons de la Nouba avec Stan Laurel et Olivier Hardy, deux sketches des Monty Pythons et un de Silex and the city : « La loge de pierre ». Par ailleurs, un dossier signé Dominique Goussot s’attache à étudier le rôle des juridictions internationales en rapport avec la souveraineté des États, avec un focus sur la question du Liban pour laquelle on note malheureusement peu d’amélioration dans une déconfessionnalisation pourtant souhaitée, vues les difficultés que connaissent la Cour pénale internationale et le Tribunal spécial pour le Liban à juger les crimes terroristes.
Signalons enfin, outre le rappel d’une lutte pacifiste ancrée sur les leçons de l’histoire, un papier d’Alain Georges Leduc sur Robert Finnegan (Paul William Ryan, 1906-1947), auteur de trois fameux polars et victime du maccarthysme. On y rappelle, entre autres faits de cette époque noire, le rôle néfaste joué par le cinéaste Elia Kazan dans la sinistre chasse aux sorcières.
