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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Terminus au nouveau départ. ? - A propos de mes grades blancs » de Christian Eyschen

Jean-Pierre Bacot

Cet ouvrage de l’un des principaux animateurs de la Libre pensée se veut un parcours personnel dans les trois derniers degrés de la franc-maçonnerie de rite écossais dont il est titulaire, les 31, 32 et 33ème, dits « grades blancs ». Il s’agit en fait pour l’essentiel de la retranscription de travaux qu’il a eu à présenter dans ce cadre. Une telle extériorisation est très rare. Elle fait suite à d’autres ouvrages consacrés par l’auteur aux degrés précédents et est publiée chez Théolib, comme les autres.

De lecture agréable, le livre de Christian Eyschen, personnage que nous oserons poser comme à la fois attachant et contradictoire, nous interroge à plus d’un titre. On notera d’abord le fait que l’auteur ait choisi le Rite écossais ancien et accepté ce qui relève, entendons-nous bien, de son plein droit, mais qui peut étonner pour un révolutionnaire revendiqué. En effet, pour la plupart des connaisseurs de la franc-maçonnerie française, le Rite français est considéré comme plus proche des préoccupations sociales et politiques. On s’étonnera au surplus qu’il ne soit pas fait allusion au fait que la figure du Grand architecte de l’univers (GADLU) soit ou non invoquée, puisqu’elle l’est généralement au REAA et, quoi qu’en disent certains, difficilement compatible avec un athéisme revendiqué, sauf contournement de pensée digne des Jésuites de haute époque.

Il demeure par ailleurs probable - mais nous accepterions d’être démentis et sévèrement gourmandés si cela n’était pas le cas - que les travaux ici repris aient été prononcés devant un public strictement masculin, ce qui relève d’une évidente discrimination par le genre.

Nous pouvons aussi rappeler, pour continuer dans le registre fraternellement critique, comme nous l’avons déjà noté plusieurs fois sur ce blog, que ce rite écossais a été fondé par un esclavagiste patenté, le Comte de Grasse-Tilly. De plus, l’hommage rendu à Luther dans le livre fait l’impasse majuscule sur le fait que l’un des deux bâtisseurs du protestantisme avec Calvin ait été un antisémite patenté. Von den Jüden und ihren Lügen (des Juifs et de leurs mensonges) écrit en 1543, peu avant sa mort, est aujourd’hui la honte de ses descendants spirituels, sauf ceux qui ont pris acte de cette origine douteuse.

Ceci posé, Eyschen ne fait aucune compromission, en témoigne la manière dont il étrille le Grand Orient de France dont il est membre et sur lequel les hauts grades sont souchés essentiellement pour cause d’autoritarisme. Finalement l’auteur défend d’avantage son expérience personnelle que l’intérêt des structures qui la portent. Il fête 30 années de maçonnerie en plein Covid pour s’entendre murmurer au pied des deux aigles et de son épée : « Deus meumque jus » (Dieu et mon droit). Amen.

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