Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Clara-Mathilde
Certes il s’agit d’« humeurs », mais celles de Gaston publiées le 19 janvier 2022 sur ce blog m’ont choquée mais surtout m’ont rendue triste, car elles l’entraînent trop rapidement à prendre ceux qui ne pensent ou n’agissent pas comme lui pour des adversaires voire des ennemis. Pour soigner ces « humeurs », je proposerais donc l’ordonnance suivante :
1/ Il faudrait d’abord raison garder et savoir hiérarchiser les responsabilités : ce ne sont pas les non-vaccinés qui retardent la sortie de la pandémie, ce sont le virus et ses multiples et imprévisibles variants. La hiérarchie des responsabilités imposerait aussi d’examiner « l’égoïsme » du côté des États et des entreprises qui réservent leurs vaccins aux individus solvables alors que les variants naissent chez les plus pauvres.
2/ Ensuite, il faudrait éviter d’hurler avec les loups, fussent-ils vaccinés, en cédant à la désignation de « boucs émissaires ». Car tous les antivax ne sont pas complotistes, ni de dangereux olibrius. J’ai même rencontré des antivax responsables... mais ils ne sont pas médiatisés. Dans ce moment de campagne pour les élections présidentielles, chaque camp agite son épouvantail : l’extrême droite et la droite ont les « woke », le centre macroniste vient de proposer les siens : les « antivax » qu’il faut « emmerder », devons-nous nous y mettre aussi ?
3/ Plus important, le sarcasme est, selon moi, à éviter également lorsque le propos vise des personnes malades, parfois gravement. D’autant plus que l'encombrement des établissements de soins et l'épuisement moral et physique des soignants est avant tout le résultat des politiques de santé successives qui ont cumulé fermetures de lits, réduction des effectifs soignants et augmentation des contraintes administratives. La pandémie n’a servi que de révélateur des impasses d’une gestion néolibérale de l’hôpital. Fustiger les malades du Covid ne fait qu’encourager cette gestion néolibérale en ouvrant un autre front bien loin de notre humanisme : demain, pourquoi continuer à soigner les personnes dont les pathologies, longues, lourdes, graves et coûteuses pour notre Sécurité sociale, sont liées à leurs comportements (alcoolisme, tabac, addictions diverses...) ?
L'éthique que je voudrais partager avec Gaston, c’est celle qui prend en charge, qui soigne de la même façon tout le monde, celle qui respecte avant tout les personnes au-delà des convictions et des choix, celle qui refuse de catégoriser, de stigmatiser, de diviser.