Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Encore une revue qui aura tenu le coup malgré le Covid et la grande dépression culturelle qui a suivi. Quinze années d’existence et 45 numéros, le mensuel messacquien continue, bon pied, bon œil à investiguer l’histoire et l’actualité de la littérature populaire, sous la double direction éclairée d’Olivier Messac et Jean-Luc Buard.
Le sommaire commence par le compte-rendu proposé par Paul Pelletier du premier festival Hypermondes qui s’est tenu en octobre 2021 à Mérignac sur le thème des robots et qui a rassemblé plus de 3000 personnes. La deuxième édition s’est tenue en septembre au même endroit autour des utopies et des futurs enviables. C’est Natacha Van Deyres qui préside à ces événements. Le réel étant en train de rattraper la fiction, on ne s’étonnera pas de leur succès.
Anne Gabriel règle ensuite son compte aux Bonzes de la bibliothèque nationale, dont la direction, qui ne cesse de réduire les possibilités de consultation, navigue entre la colère des employés et celle des chercheurs.
Vient plus loin la reprise de l’une des traditions de la revue : les défenses et illustration de l’œuvre de Régis Messac, avec ici un extrait de la revue Les Primaires de 1932 et un texte de l’écrivain consacré à Jules Vallès et les jugements portés sur l’auteur de la trilogie Jacques Vingtras. Il y est question de littérature prolétarienne, de Trotsky et quelques autres illustres chroniqueurs.
Autre article de Messac, la critique du roman de Jean Cassou : Les massacres de Paris (réédité en 1935) et celle des études de son ami Maurice Dommanget (1888-1976) publiées en 1936 sous le titre Hommes et choses de la Commune.
Marie-Noëlle Renard revient sur le roman Quinzinzinzili de Messac, reparu en 2021 aux éditions de L’arbre vengeur, chroniqué par le Parisien, notre propre recension, Hypermondes en février 2020 et des articles consacrés à Ardinghera, la Taupe d’or, le mystère de monsieur Ernest et la cité des asphyxiés, en bref une partie non négligeable de l’œuvre romanesque de celui qui aurait refusé qu’on le traitât de génie, malgré son incontestable talent.
Dans la première partie d’une étude, à poursuivre dans le prochain numéro de la revue, Pierre-Gilles Pélissier traite de la réédition en 2021 aux éditions Ex Nihilo à l’occasion du deuxième festival Hypermondes du texte de Messac paru en 1933 dans les Primaires, sous le titre Liberté, liberté chérie. L’auteur nous rappelle également l’existence des Voyages en Icarie d’Etienne Cabet qui datent d’une grande année : 1848.
Jean-Luc Buard rend hommage à un pilier de la famille, Joseph Altairac, dit Oncle Jo (1957-2020), trop tôt disparu, dont l’une des caractéristiques était de détester les bibliothèques publiques. Chercheur infatigable, spécialiste critique de l’œuvre de Jacques Bergier, l’Oncle Jo a donné l’idée à Buard d’aller voir où se trouvaient la bibliothèque et les archives du fondateur de Planète, à Saint Germain en Laye. Elles ont déménagé à Charleville-Mézières et, mais il semble que ce n’est pas demain la veille que les chercheurs pourront la fouiller.
L’avant-dernier article permet à Guillaume Lanuque de rendre hommage à Serge Lehmann qui vient de publier aux éditions Ex Nihilo un recueil de six récits de l‘âge d’or de la science-fiction française, sous le titre Maîtres du vertige. En 2004, il avait commencé son patient travail en éditant chez Omnibus sous le titre Chasseurs de Chimères un premier recueil de nouvelles. Deux autres anthologies sont mentionnées, Anthologie des dystopies (Jean-Pierre Andrevon, chez Vendémiaire, 2020), La science-fiction (Xavier Dollo et Djibril Morissette-Phan, chez Critic et Humanoïdes associés, 2020)
Pour clore ce numéro dont nos lectrices et lecteurs auront compris la richesse, Patrick Ramseyer nous annonce que l’ouvrage séminal de Messac sur le roman policier, Detectiv Novel et l’influence de la pensée scientifique vient d’être traduit en japonais. On signalera aussi que les éditions de la grande batelière rééditent deux romans de Messac, Le Mystère de Monsieur Ernest et la Taupe d’Or au prix de 16 euros le volume.
On comprendra que nous soyons attachés à cette publication dans la mesure où notre revue Critica masonica prépare un numéro double consacré à la culture populaire.