Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Julien Vercel
L’Institut Diderot a publié et mis en ligne un entretien avec Haïm Korsia, Grand rabbin de France élu en 2014 et réélu en 2021. Il a aussi été membre du Comité consultatif national d’éthique ; aumônier de l’École polytechnique et aumônier en chef des armées.
Dans cet entretien d’octobre 2022, il se définit ainsi : « moi je suis français, juif, lyonnais, supporter du PSG, aviateur. Je dois avoir 250 identités différentes. N’en retenir qu’une serait du racisme ». Explorant les liens entre les Juifs et la France - et réciproquement - il constate qu’à « chaque fois que, dans l’Histoire de France, la situation devient catastrophique pour les Juifs, la situation devient vite difficile pour le pays aussi (...). Car les Juifs sont l’incarnation de ce qui est, à mon sens, la part la plus lumineuse de la France : le respect et l’intégration de la diversité ». Ce qui lui donne l’occasion de proposer des définitions du « génie de la France » et des Juifs.
Pour ce qui est du « génie de la France », il consiste à « valoriser un modèle d’unité et pas d’uniformité » et à « n’obliger personne à choisir entre sa foi et sa citoyenneté » puisque « la laïcité, c’est la neutralité de l’État et la liberté de la pratique religieuse ».
Quant au Juif, il le définit comme « quelqu’un qui est le même que moi, mais pas tout à fait le même » et c’est pour cela que les Juifs incarnent « le respect des différences ». Un des grands apports du Judaïsme est, selon Haïm Korsia, qu’il prône l’intégration, pas l’assimilation, en ce sens que « l’intégration suppose que chacun apporte à la collectivité ce qu’il est, lui. Chacun met son génie propre au service d’une collectivité ».
Suivant cette logique, le Grand rabbin de France rappelle que « je suis soumis aux mêmes lois que vous en dépit de ma différence » et que « la loi collective prime sur la loi individuelle. C’est la seule façon de permettre à des gens différents de vivre ensemble ».