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CRITICA ▲

Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

La banalisation de l’extrême droite dans les parlements européens

Julien Vercel

L’extrême droite au sein des parlements européens est une étude parue en janvier 2023 pour la Friedrich Ebert Stiftung et la Fondation Jean Jaurès. Elle fait notamment le point sur ce qu’il reste - ou non - du cordon sanitaire établi par les partis traditionnels à l’encontre des partis d’extrême droite... et le tableau, pourtant tout en nuances, n’est pas réjouissant. Il ne sera question ici que de dresser l’état des lieux, il faut lire l’étude pour apprécier l’efficacité des différentes stratégies adoptées.

En France, les convergences idéologiques entre Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN) sont désormais un fait établi lorsqu’il s’agit, par exemple, de dénoncer les supposés « wokisme » et « islamo-gauchisme » du nouveau ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye. Du côté de la majorité présidentielle, le « front républicain » a été enterré sous prétexte d’un renvoi dos-à-dos du Rassemblement national et de La France insoumise (LFI), membre de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (NUPES). Et à l’Assemblée nationale, des vice-présidents RN ont été élus avec les voix des LR et de La République en marche (LREM). La seule exclusion pratiquée par le gouvernement est le rejet systématique des amendements provenant de parlementaires du RN et de LFI.

En Espagne, Vox gouverne depuis 2022 en coalition avec le Parti populaire (PP) dans la région de Castille-Léon où l’extrême droite occupe la présidence du parlement régional et la vice-présidence du gouvernement autonome.

En Autriche, le Parti libéral autrichien (FPÖ) a participé à plusieurs coalitions gouvernementales : en 1999 et en 2017 avec le Parti populaire autrichien (ÖVP). Mais si, en 1999, c’est le FPÖ qui s’était aligné sur les positions de l’ÖVP, en 2017 c’est l’ÖVP qui s’est aligné sur les positions du parti d’extrême droite sur l’immigration, l’islam et l’asile.

En Finlande, le Parti des Finlandais (PS) s’est allié au Parti du centre et au Parti de la coalition nationale en 2015 pour former un gouvernement de coalition. Le PS a obtenu 4 ministères  dont celui des Affaires étrangères et l’une de ses députées est devenue présidente du parlement. Une scission du PS en 2017, avec la création d’un parti dissident, La Réforme bleue, a sauvé la coalition alors que le PS est passé dans l’opposition.

En Suède, la stratégie de cordon sanitaire contre les Démocrates de Suède (SD) a été abandonnée en 2022 : les SD soutiennent désormais le gouvernement de centre-droit composé des Modérés (M), des Chrétiens-démocrates (KD) et des Libéraux (L). Les SD n’ont pas réclamé de ministères, mais ont obtenu la vice-présidence du parlement et la présidence de 4 commissions parlementaires. Le discours politique des SD a diffusé auprès de tous les partis, y compris auprès du Parti social-démocrate, notamment en matière d’asile et de regroupement familial.

Seule l’Allemagne semble se démarquer. Ainsi, aucune des propositions de l’Alternative pour l’Allemagne (AFD) ne sont reprises ni par le gouvernement, ni par les partis qui développent une triple stratégie : l’indifférence, l’exclusion coordonnée et tacite et l’exclusion juridique. Seule exception et grande première : l’élection d’un député du Parti libéral-démocrate (FDP) avec les voix de l’AFD au poste de ministre-président de Thuringe en février 2020... mais il dut démissionner 3 jours après son élection face aux critiques.

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