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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Les tourmentés », par Lucas Belvaux

Marc Gauchée

Le roman de Lucas Belvaux (Alma éditeur, 2022) est fait de 86 courts chapitres, rédigés chacun du point de vue d’un des personnages. Les trois principaux sont Madame, Max et Skender. Madame est une riche veuve qui veut organiser une chasse à l’homme dans une forêt roumaine. Max, ancien sergent légionnaire, est désormais au service de Madame comme chauffeur. Et il y a Skender, ancien légionnaire devenu clochard, qui est mis en contact par Max avec Madame et qui accepte d’en être le gibier moyennant une forte somme. 

Les pensées des unes et des autres sont livrées dans un récit couvrant la rencontre, le deal, les préparatifs de cette chasse si particulière, etc... Difficile d’arrêter la lecture avant de savoir si le récit ira jusqu’à la chasse elle-même et surtout, comment tout cela finira (je ne le divulgâcherai pas !). Mais l’image du comte Zaroff (Leslie Banks) et, plus encore, celle de la comtesse Zaroff (Alice Arno) précipitent nos anticipations de lecture, surtout quand Madame renonce à utiliser un fusil pour s’équiper d’un arc afin, comme lui demande Max, de rééquilibrer les chances entre la chasseuse et le gibier.

Chaque protagoniste est placé devant un défi personnel. Pour Madame, « chasser un gibier un peu plus intelligent que les autres n’a aucun intérêt. Ce qui en a, c’est de savoir si je suis capable de tirer sur un être humain ». Pour Max, la certitude d’offrir à Skender, son ancien compagnon d’arme, « la mort qu’il mérite » devient peu à peu un cas de conscience et Skender lui-même veut profiter au maximum du temps qui le sépare de l’épreuve de la chasse pour renouer avec sa femme et ses enfants.

On retrouve dans ce premier roman, des thèmes que Lucas Belvaux avaient abordés dans ses œuvres cinématographiques. Mais c’est peut-être le film Pas son genre (2014), qui donne le plus de clés, notamment sur l’humanité propre à l’amour et sa supériorité sur la culture, car l’amour a tendance à vouloir unir les êtres alors que la culture a tendance à les séparer, les ranger en catégories, en « bons » ou « mauvais » goûts. Comme le pense Max, le légionnaire tueur devenu mélomane et lecteur grâce à Madame, « il existe une paix des braves, mais le mépris est sans fin ».

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