Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
4 Octobre 2023
Jean-Pierre Bacot
Dernier numéro d’une formule qui va changer, nous annonce Pierre Mollier, qui va par ailleurs tirer sa révérence. Il y aura donc bientôt une nouvelle direction pour cette revue qui domine, et de loin, l’édition maçonnique dans le domaine irremplaçable qui est le sien, l’étude scientifique des sources. Nul besoin d’être grand clerc, 33ème, Vème Ordre, ou Grand Profès pour comprendre, à lire Renaissance traditionnelle, que la tradition est bien une construction.
Pour ce numéro 204 (octobre 2022, 51ème année), la revue quitte provisoirement le champ historique pour l’anthropologie, domaine risqué. Concernant le signe de maître, dont nous ne dirons rien ici, sinon que les bras ne nous en tombent pas, Gaël Meigniez est allé rechercher dans les représentations anciennes et les photographies prises par des explorateurs de quoi prouver que le geste remonte, sinon à la nuit des temps, tout au moins à l’invention des rites funéraires. L’article est à conseiller à toutes celles et ceux qui ont l’âge requis.
La deuxième partie du numéro est consacrée à un article de Jean-Michel Mathonière qui explore les archives de la société de l’humanité des tailleurs de pierre de Tours, à la croisée des chemins entre mutualisme, compagnonnage et franc-maçonnerie. L’auteur, spécialiste reconnu, note que certains textes programmatiques ressemblent fort à ceux du Grand Orient de Belgique et qu’une laïcisation progressive s’est produite, qui a rendu facultative la croyance en un être suprême.
Renaissance traditionnelle, après plus d’un demi-siècle d’existence, va donc poursuivre son parcours, pour notre plus grand plaisir, quelles que soient les difficultés que traverse le monde de l’édition. La veine découverte par René Guilly en 1970 continuera d’être explorée. Souhaitons-lui bon vent dans la tempête.