Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
12 Octobre 2023
Jean-Pierre Bacot
La rédaction de cette revue amie publie la deuxième partie du texte que Maurice Demangeot (1888-1976) écrivit en 1935, au cœur d’un éclatement idéologique du monde syndical, sous la montée des totalitarismes nazi et stalinien. Demangeot fut l’un des principaux acteurs de la littérature dite « prolétarienne », qui fut à la fois au cœur et à la marge de l’époque.
Si ce numéro 47 (été 2023) est principalement consacré aux romans policiers de Régis Messac qui viennent d’être réédités, particulièrement le dernier Cinis in cinerem, texte largement inédit, Quinzinzinzili n’oublie pas une réflexion passionnante sur la notion de roman prolétarien, autour de l’œuvre d’un autre acteur central de ce mouvement, Henri Poulaille. Le centre de recherche qui lui est dédié à Cachan est aujourd’hui très actif, grâce notamment à l’action de Patrick Ramseyer et Jean-Paul Morel. La question principale est la valorisation des archives et Oliver Messac, qui signe l’article, semble optimiste sur ce point. Anne Gabriel analyse ensuite l’« autobiopic » qu’Ivan Messac, plasticien, a réalisé autour de sa vie avec une postface de Richard Leader, le voyage rétrospectif de Natacha Van-Deyres dans la littérature du futur et le roman le mariage des morts de Michel Besnier, paru en 2022 au Temps des Cerises.
Deux articles raviront les amateurs de science fiction : « les mystères de demain, de Paul Féval et H.J. Magog, livre impossible à rééditer », sauvé tout de même un siècle après sa parution avec une préface de Christophe Marécaille et une postface de Jean-Luc Buard, et « Marius Monnier, romancier (im)prévisible », dont la bande de la revue Rocambole a réédité trois romans « relativistes ». Clodomir Frénois signe ces deux articles.
Aussi intéressant soit-il de présenter des textes journalistiques de Régis Messac, on ne peut pas dire que celui qui est choisi dans ce numéro à propos de l’Ukraine par Jean-Luc Buard soit pertinent, tant les situations sont radicalement différentes, sachant par ailleurs que tout risque de redoutable confusion doit être écarté. Il ne faut pas en effet abuser des expressions comme « Messac est un guide sûr dans les marécages de suppositions frelatées », etc. Aussi remarquable qu’il ait été, notre Régis, il ne nous aidera pas sur les questions du réchauffement climatique, de l’intersectionnalité des luttes, ou sur l’analyse de l’impérialisme post-soviétique.
Remercions in fine Olivier Messac de nous avoir offert une publicité gratuite pour la revue Critica qui vient de fêter son dixième anniversaire avec un numéro double consacré à la culture populaire.