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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Portraits de libres penseurs et penseuses - L’Idée Libre (n°343)

Jean-Pierre Bacot

Les trotskistes version lambertiste, canal historique, contrôlent tout, c’est bien connu, sauf les incontrôlables. C’est pour cette raison qu’ils cohabitent au sein de la Libre Pensée avec des libertaires, et non des moindres. Ainsi, dans son hommage aux grandes figures de cette mouvance anticléricale, le numéro 343 de L’Idée libre (décembre 2023), nous propose pas moins de neuf portraits de libres penseurs et penseuses Français, Américains et Américaine, dont certains adeptes du « Ni Dieu, ni Maître, ni Déesse, ni Maîtresse».

Après une brève présentation de Christian Eyschen, c’est André Roulot (qui, en fait, s’appelait Georges (1885-1963)) qui ouvre le bal, avec un article de René Bianco. Anarchiste, il fut auteur de nombreux articles et d’un roman bien oublié, mais peut-être à redécouvrir, Chez les loups, sorti en 1922. Il réussit à publier des textes militants pendant la guerre en les antidatant. Christian Eyschen s’intéresse au même militant, qui fut aussi un spécialiste du rôle idéologique et politique de l’Église catholique, reprocha aux communistes leur attitude de la main tendue et fut, comme d’autres libres penseurs, un proche du nationaliste algérien Messali Hadj.

Jean-Marc Schiappa propose un intermède dans la galerie des portraits en s’intéressant à la période 1918-1939 où il évoque, entre autres, la figure de Marceau Pivert (1895-1958) et une tentative de contre-feu du PCF avec la création des Sans-Dieu qui accueillaient en leur sein des déistes et des spiritualistes. Une réunification eut lieu en 1936 dans la grande dynamique du Front Populaire, mais certains staliniens, devenus minoritaires négligèrent dès lors le combat philosophique.

Gérard Labrusse s’intéresse à Roger Labrusse (1914-2001). Haut-fonctionnaire, résistant, Préfet de la Somme à la Libération, il finit sa carrière comme ambassadeur. Son opposition à la présence de la France en Indochine aura été un de ses titres de gloire.

Rapide portait que celui que Michel Godicheau trace de René Labrégère (1915-2006). Syndicaliste CGT, déserteur de 1914, franc-maçon du Droit Humain, il fonda une coopérative ouvrière, adhérant très jeune à une Libre Pensée à laquelle il se montra fidèle toute sa vie.

Joachim Salamero nous parle de Joseph Berny (1923-1997). Socialiste pivertiste, puis résistant, il fut un spécialiste de l’« Europe vaticane » et se montra infatigable dans ses voyages à travers le pays pour des conférences, des meetings ou des émissions de radio.

Christophe Bitaud continue le florilège en nous parlant du militant anarcho-syndicaliste que fut Alexandre Hébert (1921-2010). Il fut l’un des cadres de la CGT-FO, où il cohabita avec, entre autres, Pierre Lambert. Très impliqué dans son département de la Loire-Atlantique, il se montra actif comme militant anticolonial, sans perdre, en bon libertaire, sa méfiance pour les tendances autoritaires du FLN.

Marc Blondel (1938-2014) a droit à deux articles. Christian Eyschen reprend l’éloge funèbre qu’il prononça jadis à sa mémoire. Philippe Besson détaille l’action de celui qui fut de longues années durant le n°1 de Force Ouvrière, mais aussi socialiste, trotskiste invisibilisé et franc-maçon. Le congrès de 1989 où il prend la tête de l’organisation en faisant basculer la majorité sera houleux et restera dans les mémoires. Pour ce qui tient de la Libre-Pensée, Blondel s’occupa particulièrement de l’international.

Catherine Le Fur nous parle de Charles Bradlaugh, forte tête, qui fut expulsé de son école londonienne dès l’âge de 11 ans, pour avoir souligné à son professeur des contradictions dans ce qu’on lui présentait comme des « textes saints ». Il fut à la fois un militant de la cause irlandaise et l’un des fondateurs de la structure internationale de la LP.

Quant à Max Sievers (1887-1944) il transforma en 1905 l’association des crématistes berlinois en une antenne de la Libre Pensée. Alain Jouannet nous retrace son parcours et note que cette branche allemande ne se remit jamais de la répression sanglante des nazis.

Seule femme à faire partie de la galerie des anciens, Madalyn Murray O’Hair (1919-1995) bénéficie de deux auteurs pour honorer sa mémoire : Louis Couturier et Philippe Besson. Life magazine désigna un jour cette militante comme « la femme le plus haïe d’Amérique », elle qui avait créé en 1963 American Atheists à Austin. Ses enfants et elle-même furent assassinés en 1995 et leurs corps ne furent retrouvés que six ans plus tard.

Avec la liste des congrès nationaux de la Libre Pensée depuis 1891, la revue se termine par une partie magazine qui rend compte du congrès de l’organisation Humanists International, lequel s’est tenu à Copenhague en août dernier. Nick Fish nous rappelle opportunément que les athées des États-Unis ont fort à faire avec les fondamentalistes, nationalistes et créationnistes chrétiens, ces derniers cherchant à faire baigner le pays dans le degré zéro de la pensée.

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P
Je souhaite acheter ce numéro de Critica. Mode de paiement?<br /> FRAT.<br /> JPP
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B
Cher jean-Pierre<br /> Voici le mail de la trésorière<br /> jennifer_burford@yahoo.fr
R
Les élus et les représentants de la République ne doivent pas allégeance au pouvoir et à l'influence des différentes Eglises afin de faire mieux vivre la Fraternité Universelle
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