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CRITICA ▲

Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Leur laïcité et la nôtre » - La Raison n° 692

Jean-Pierre Bacot

S’il est un titre pour initiés, c’est bien celui-ci  qui figure en couverture de la nouvelle livraison de La Raison : « Leur laïcité et la nôtre ». Cela réfère en effet au fameux texte de Léon Trotsky écrit en 1938, Leur morale et la nôtre. À deux ans de mourir assassiné dans son exil mexicain, le fondateur de l’armée rouge y règle son compte à la « morale bourgeoise » et aux organisations dites progressistes, mais non léninistes qui, pour lui, la véhiculent. La franc-maçonnerie en prend pour son grade. Déjà, dans « Communisme et franc-maçonnerie », le Vieux, comme l’appellent encore affectueusement certains adeptes, avait écrit le, le 25 novembre 1922, l’un des textes qui constitueront l’ossature de la fameuse 22ème condition (l’adhésion à la troisième internationale en comptait 21). En voici un court extrait. (…) « La franc-maçonnerie est une partie non officielle, mais extrêmement importante, du régime bourgeois. Extérieurement, elle est apolitique, comme l’Église, d’un rituel de Mi-Carême. Contrepoison impuissant, de par ses sources petites-bourgeoises contre la lutte de classe qui divise les hommes, la maçonnerie, comme tous les mouvements et organisations du même genre devient elle-même un instrument incomparable de lutte de classe, entre les mains de la classe dominante contre les opprimés. » Et Trotsky de conclure ce texte qui réglait aussi son compte à la Ligue de Droits de l’Homme : « La franc-maçonnerie est une pale mauvaise du communisme français. Il faut la brûler au fer rouge. »

Comment les trotskistes franc-maçons s’arrangent avec ce genre de texte ? Mystère insondable.

Rien dans ce numéro 692 ne réfère d’ailleurs au titre. Les évêques, surtout ceux qui ont été révoqués, gardent la vedette, les extrémistes juifs et protestants aussi. Point d’Islamisme, c’est ça la laïcité, la leur.

Alain Vauchelles nous offre une nouvelle promenade cinéphilique consacrée cette fois-ci au Japon, et, en particulier à Ozu (1903-1963), que l’auteur refuse de voir enfermé dans le minimalisme qu’on lui confère trop rapidement. C’est plutôt une étude de mœurs que propose le cinéaste qui aura mis longtemps à pénétrer la culture française.

Christian Eyschen nous familiarise avec un nouveau sigle : TPPS, une devise de la Libre pensée et surtout de ses militants Toujours Prêts Pour Servir, hommage étant rendu aux militants d’extrême-gauche qui se retrouvèrent, malgré leur relative faiblesse numérique, très nombreux dans la Résistance française. L’auteur s’inspire d’un livre d’Yvan Craipeau Mémoires d’un dinosaure trotskiste, sous-titré « Secrétaire de Trotski en 1933 », récemment paru à l’Harmattan et d’un autre : Tenir la rue, l’autodéfense socialiste 1929-1938, de Mathias Bouchenot, paru aux éditions Libertalia.

Le même auteur produit un dossier sur les atteintes à la liberté de penser en dehors du champ religieux, sensibles jusqu’à la direction de l’actuelle Europe, trace de l’un des ses fondateurs, Jacques Delors, catholique convaincu. La revue Communio est l’un des fers de lance de la défense d’une liberté religieuse contre la liberté de pensée. Eyschen qui en a lu le dernier numéro chronique ensuite le Tome III de la grosse étude de Jean Baubérot sur la loi de 1905, parue à la Maison des Sciences de l’Homme.

Dans la même veine, Louis Couturier pourfend l’offensive du « concordisme » à l’Université Paris Saclay. Un cercle rationaliste s’est fondé sur place pour lutter contre le retour des adeptes de Teilhard de Chardin.

Auparavant, hommage avait été rendu à l’Anglais Terry Sanderson, qui fut président de la National Secular Society, à l’un de ses glorieux ancêtres, l’agronome Arthur Young et à ses voyages en France, à Spinoza et son émancipation par le savoir et au peintre pyrénéen Jean Lafforgue.

Mais le final revient à l’infatigable Christian Eyschen et à son récent discours du Panthéon en hommage appuyé aux résistants libres penseurs, doublé d’une critique féroce d’un gouvernement qui nous emmène tout droit à une nouvelle forme de pétainisme et se concluant traditionnellement par la célèbre trilogie : «  Ni Dieu, ni maître, A bas la calotte et Vive la sociale ! ».

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