Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Le dossier du dernier numéro de la revue rationaliste trimestrielle comprend plusieurs articles à dominante historique et critique. Nicole Aurigny reprend la question des Jeux olympiques de l’antiquité à aujourd’hui. Elle note que les penseurs grecs n’avaient pas grand respect pour les athlètes. La critique du phénomène est donc des plus anciennes, pour ne pas dire originelle. Puis, l’autrice répond à une série de questions souvent posées sur les Jeux olympiques de Paris qui viennent de se terminer.
Michel Landron revient pour sa part sur l’histoire du Comité International Olympique (CIO), structure installée en 1893. Il nous rappelle que ce comité a été rapidement colonisé par les États et les milieux financiers, même si les hiérarques actuels cherchent à construire à coups de bons sentiments une image ripolinée. L’auteur revient dans un autre article consacré à la notion de trêve olympique, qualifiée de « paix des cimetières ». Dans ce registre, une récente résolution de l’ONU dépasse les limites de l’hypocrisie, incapable qu’elle était d’imposer un cessez-le-feu au belligérants.
Daniel Shapira rappelle ce qu’a été l’action de Bernard Thibaut, ancien secrétaire général de la CGT, pour annoncer le retour de la lutte des classes, au regard notamment des conditions de travail imposées aux travailleurs des JO, l’expulsion des étudiants de leur logement et celle des sans-papiers, sans oublier les profits réalisés par les propriétaires de logements faisant appel à Airbnb.
Autre article critique, celui de Michel Landron, décidément très productif : « Revers des médailles » dans lequel il rappelle que les québécois auront mis trente ans à éponger les dettes des jeux de Montréal en 1976. Aujourd’hui, on ne peut oublier la pollution de la Seine, l’exploitation des bénévoles, la rémunération indécente des dirigeants qui prônent sans sourciller un engagement massif et gratuit.
Frédéric Bocquet défend ensuite l’éducation physique contre celles et ceux qui prétendent qu’elle serait délaissée et responsable des mauvais résultats des Françaises et Français. Il développe ses arguments en interrogeant un enseignant spécialisé, Frédéric Bocquet. C’est le manque de moyens et le coût de certaines pratiques qui limitent les promoteurs du sport amateur et scolaire dans leur action.
Jacques Personne, auteur d’un livre La santé d’une enfant vaut bien une médaille en 1987 et d’un rapport à l’Académie de médecine, revient pour sa part sur les dégâts que font, sur certains enfants que l’on veut prodiges, des entrainements harassants, même si, depuis quelques années, la France a pris quelques précautions pour limiter les dégâts.
Michèle Singer commente le livre de l’architecte Marc Perelman paru en 2021 : 2024, les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu. La dérive commerciale est telle, au mépris des habitants, que les Jeux olympiques sont un événement à oublier. On comprend en effet à la lecture qu’ils sont irréformables.
Lisa Noyal, dans un article repris de la revue Basta !, s’interroge sur le fait que les Jeux paralympiques ont constitué une illusion et qu’il ne faut pas rêver une amélioration durable du statut des sportifs handicapés qui n’auront connu qu’une fenêtre de visibilité.
On n’oubliera pas dans cette intéressante livraison de l’Idée libre le poème de Zizou Landron sur « les Jeux olympiques ou des esclaves aux portes de Paris ». Après lecture de ce dossier, on aura du mal à comprendre pourquoi la grande masse des français a abandonné son esprit critique pour se précipiter sur les événements olympiques, in vivo ou à la télévision.
En varia, on trouvera un papier de Claude Singer sur les grandes figures de la civilisation musulmane et on nous propose un tableau des différentes familles spirituelles issues de l’Islam initial, avec un additif sur la libre pensée dans le monde musulman d’aujourd’hui.
Quant à l’article Magazine, il est consacré aux femmes iraniennes, dont Narges Mohammadi, journaliste et militante emprisonnée en Iran, est l’une des grandes figures. La société iranienne est de plus en plus sécularisée, ce qui rend fous-furieux les mollahs au pouvoir.