Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
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Jean-Pierre Bacot
Décidément infatigable, Roger Dachez reprend les manettes et nettoie les légendes à grande eau dans le dernier numéro (207) de Renaissance traditionnelle. Tenant de la fameuse école authentique, il s’est mis très sérieusement à la tâche et a rédigé une bonne partie de cette nouvelle livraison. L’histoire nous dira peut-être un jour ce qui s’est passé dans l’équipe qui aujourd’hui se restructure. En attendant, le rédacteur-en-chef travaille, documents à l’appui, l’histoire de la triade « Chandeliers, colonnes et piliers » et, en complément la dualité J:. et B:., sujets passionnants pour les afficionados.
Autre dossier essentiel : la question de la création du troisième grade de la maçonnerie pour laquelle Dachez publie un texte de René Désaguliers (Guilly) et un autre de Christophe Powell. Il conclut que la question est encore loin d’être tranchée.
Philippe Langlet réfléchit quant à lui sur quelques particularités du personnage de John Theophilus Desaguliers, dont un double portrait à charge de William Hogarth (1697-1764), peintre et graveur célèbre, nous est proposé, représentant le révérend en prêche, bouffi et endormant son assistance. Le même article représente le réputé fondateur de la maçonnerie regardant au loin avec une lunette (photo de couverture). Il existe également une gravure de John Pine, de 1727. D’autres portraits probables de Desaguliers sont présentés pour compléter la galerie.
Roger Dachez traduit et annote ensuite un article de John Belton de la célèbre loge de recherche Quatuor Coronati de Londres, à propos de l’Union en 1813 des Anglais, Écossais et Irlandais. Il présente également, un petit article sur François Millanois (1749-1794), « l’ombre de Willermoz », qui finit son existence sous la guillotine.
La revue, qui compte 54 années d’âge, republie un texte millésimé 1974-1975, paru dans l’un des premiers numéros, de Robert Amadou (1926-2006), universitaire, mais aussi grand amateur d’ésotérisme, à propos de la devise Liberté, égalité, fraternité. Adopté par le Grand Orient de France en 1849, ce tryptique axiologique n’a rien de maçonnique, note l’auteur, mais il marque une époque d’adhésion de la maçonnerie française à l’idée républicaine.
On retrouve aussi avec plaisir la signature de l’ami Pierre Lachkareff, qui signe une importante note de lecture du livre que Pierre-Yves Beaurepaire vient de consacrer chez Taillandier aux Illuminati, sous-titré « de la Société secrète à la théorie du complot ».
Nous n’oublierons pas l’indispensable rubrique sur le compagnonnage, dans laquelle Jean-Michel Mathonière nous présente cette fois-ci des notes autour du temple compagnonnique d’Alphonse Fardin, document iconographique et rituel qui montre, s’il en était besoin, que les compagnons ont pris l’essentiel de leur symbolique et de leurs légendes dans la maçonnerie.
Ce nouveau numéro de Renaissance traditionnelle ne décevra pas les passionnés d’histoire maçonnique et pourfendeurs de légendes romantiques qui encombrent la littérature dite spécialisée d’analogies douteuses. La démarche de Dachez et de sa nouvelle équipe est également modeste, le travail étant sans cesse repris, au fil des recherches et découvertes. Cela s’appelle, symboliquement, tailler et retailler la pierre.
Le VIIème colloque organisé par la revue devenue bleue aura lieu le 5 octobre de 10 à 17 heures, dans les locaux du Droit Humain, 9, rue Pinel dans le 13ème arrondissement de la capitale. Il y sera essentiellement question, de Jean-Baptiste Willermoz, fondateur du Régime Écossais Rectifié. On y retrouvera comme conférenciers Roger Dachez, Dominique Vergnolle, Jean-Marc Vivenza, Dominique Clairembault et Gérard Gendet. Le nombre d’entrées est limité à 200.
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