Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
La nouvelle formule de Renaissance traditionnelle comporte dans l’une de ses deux livraisons annuelles une sorte de revue dans la revue : les Nouveaux Cahiers de Saint-Martin., en référence à la publication dirigée par Antoine Faivre et éteinte il y a un demi-siècle. Deux articles de Dominique Clairambault qui dirige cette rubrique portent, pour le premier, sur le 400ème anniversaire de la mort de Jacob Böhme (1575-1624) qui fut « le deuxième et dernier maître » de Saint-Martin (« le philosophe inconnu), pour le second, sur les pensées inédites de Jean-Baptiste Willermoz. Elles sont suivies de deux fragments écrits après sa mort qui semblent avoir déçu ses disciples qui ne trouvaient pas de nouveau mystère à se mettre sous la dent.
Le prochain numéro des Nouveaux Cahiers sera consacré aux actes du colloque du Cercle Renaissance traditionnelle qui s’est tenu le 7 octobre dernier à Paris autour de la figure de Jean-Baptiste Willermoz.
Jozef van Bellingen propose quant à lui le rappel d’un livre ancien, le Magikon, de Johan Friedrich Kleuker (1749-1827), ouvrage qui eut en son temps un gros succès en Allemagne, car il résumait les idées de Saint-Martin et celles de son maître Martinès de Pasqually.
Suit en Varia un article de John Belton sur la question de la Grande Loge Unie d’Angleterre et de ses rapports avec Dieu et l’immortalité de l’âme et, avant la rupture avec les Français sur cette question en 1877. L’auteur insiste sur la protestation des Suprêmes Conseils britanniques contre leur équivalent allemand, lequel refusait la présence de frères de confession juive ou chrétienne, mais refusant de faire état de leur croyance.
Bernard Homery nous parle du « premier texte maçonnique connu à l’adresse des francs-maçons et le suivant du même auteur », Robert Samber (1682-circa1745), franc-maçon catholique romain, traducteur de littérature maçonnique, profane et parfois grivoise.
Roger Dachez nous propose pour sa part un portrait deux personnages qu’il définit comme deux des plus connus parmi les seconds rôles de la maçonnerie de leur temps : Christian, Kart, Heinrich Haugwitz (1752-1832), et Carl Eberhard Baron de Waechter (1747-1825).
Pierre Nicaise a retrouvé le diplôme maçonnique d’un français combattant dans l’armée belge, Antoine Amelot, ce qui lui permet de mettre l’accent sur une loge militaire peu connue, « les Amis de l’Ordre » à l’Orient de Bruxelles, dont il retrouvé un état de 1834, où Amelot est indiqué absent parce que combattant contre les Pays-Bas.
Autre rubrique qui devient habituelle dans Renaissance traditionnelle, le « Côté compagnonnage » où Jean-Michel Mathonière nous offre deux articles. Le premier relève de notes à propos de la géométrie fondamentale des bâtisseurs. Le second consiste en un commentaire d’une médaille compagnonnique lyonnaise de 1857portant « hommage à Salomon ». Les règlements généraux des compagnons étrangers tailleurs de pierre d 1865 viennent d’être réédités.
La revue s’achève avec quatre notes de lecture par Pierre Lachkareff et Roger Dachez, Grand Œuvre et Art Royal l’Alchimie des hauts grades maçonniques l’exemple du REEA, de Dominique Jardin, Le numéro hors série de mai 2024 de la revue Tradition(S) éditée par la GLTSO, portant sur la correspondance entre René Guilly et Jean Van Win et Les Chroniques d’histoire de la Grands Loge Nationale Française, des faits et des hommes, de Francis Delon, et les Lettres sur la Sagesse, de Louis-Claude de Saint-Martin, correspondance avec Nicolas Antoine Kirchberger, édition étable par Dominique Clairembault.
La correspondance Guilly Van Win est loin d’être anecdotique, car c’est en ce début des années 1960 que ce qu’on appelle aujourd’hui les ordres de sagesse du Rite français reprirent force et vigueur, sous leur impulsion, au sein de cette fameuse « école authentique » naissante, basée sur l’analyse historique et comparative des manuscrits disponibles.