« Intelligences artificielles et médecine » - La revue Réseaux enquête (n°248)

Jean-Pierre Bacot

L’intelligence artificielle commence à mobiliser sérieusement la recherche en sciences humaines et sociales. La revue Réseaux n’est pas en reste, puisqu’elle en est à son cinquième numéro sur le thème, le premier ayant paru en 2018.

Cette fois-ci, pour le n°248, Gérard Gaglio et Alexandre Mathieu-Fritz ont coordonné un travail sur « Intelligence artificielle et médecine ». Ils définissent ainsi l’état de la recherche : « Caractère inachevé et imparfait, voire contre-productif dans les situations de travail de l’automatisation engendrée par des dispositifs d’IA ; acuité d’un décryptage à nouveaux frais de la notion d’« acceptabilité » en rapport avec des processus de conception et des usages concrets, qui peuvent être en déphasage avec le droit en vigueur ; relative absence des patients dans les pratiques étudiées qui s’explique notamment par le fait que l’IA est mobilisée bien au-delà du cadre de la relation clinique, afin d’équiper différentes catégories de professionnels qui n’interviennent pas directement dans la prise en charge des patients et dans les soins ».

On comprendra avec une telle présentation que les questions et les problématiques abondent. Lise Arena, Gérard Gaglio et Jean-Sébastien Vayre regardent d’abord ce qu’il en est dans l’univers de la radiologie. Océane Fiant, Camille Franchet et Robin Schwob étudient la manière dont l’IA est construite en anatomie et cytologie (étude des cellules isolées). Alexandre Mathieu Fritz et Dilara Vanessa Trupia s’intéressent à la dermatologie, domaine où l’aide de l’IA dans le soin des mélanomes avance lentement.

Loubna Echajari, Hugo Jeanningros et Myriam Lewkowicz ont pour leur part travaillé sur les incertitudes des procédures de codage en milieu hospitalier. L’IA concerne également les données de mortalité. Isabella Feroni a étudié les procédures d’apprentissage et le perfectionnement des procédures de codage pour affiner les statistiques. Enfin, Sonia Desmoulins rend compte d’une enquête sur l’enjeu juridique de l’explicabilité des données médicales.

À regarder les noms des chercheuses et chercheurs ayant collaboré à ce numéro, on s’aperçoit que la revue Réseaux qui s’approche de son 250^ème numéro, permet à une nouvelle génération de chercheurs d’investir un champ essentiel dont la compréhension, aussi ardue soit-elle, parfois, est essentielle à la démocratie.