Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
18 Février 2025
Julien Vercel
Dans une note du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMA, n°2025-01 du 13 janvier 2025) intitulée « La Fièvre parlementaire : ce monde où l’on catche ! », Yann Algan, Thomas Renault et Hugo Subtil ont étudié tous les discours en séance à l’Assemblée nationale de 2007 à 2024. Ils mettent ainsi en évidence comment les parlementaires et, en premier lieu, celles et ceux de La France insoumise et du Rassemblement national [1] – concourent à la « trumpisation » de la vie politique.
D’abord les parlementaires ont plus souvent recours au registre des émotions avec colère, violence verbale, niveau sonore élevé préférant attaquer les autres bancs plutôt que de défendre leurs propres idées et déclenchant à la fin de chaque intervention de nourries acclamations ou de bruyantes réprobations. La polarisation est donc exacerbée dans l’hémicycle.
Ensuite les parlementaires s’adressent moins à leurs collègues qu’au public des réseaux sociaux. Il est constaté que leurs interventions sont alors plus courtes pour être reprises aisément sur ces réseaux, elles peuvent même se répéter, l’essentiel n’étant plus d’apporter sa contribution au débat mais de réaliser une captation vidéo calibrée pour les followers.
Les auteurs en concluent que l’Assemblée nationale se transforme en un ring de catch au sens que donnait Roland Barthes : « La fonction du catcheur, ce n'est pas de gagner c'est d'accomplir exactement les gestes qu'on attend de lui » et le catch « propose des gestes excessifs, exploités jusqu'au paroxysme de leur signification » [2]. Le catch est d’ailleurs à l’honneur dans les États-Unis de Donald Trump avec la nomination de la présidente de la fédération américaine de catch, Linda MacMahon, comme ministre de l’Éducation ! Et en ce domaine, nos parlementaires prouvent qu’il n’y a pas d’exception française.
1.Même si les tendances peuvent évoluer en sens opposé, entre la « bordélisation » revendiquée par La France insoumise et la « stratégie de la cravate » mise en œuvre par le Rassemblement national.
2.Roland Barthes, « Le monde où l’on catche », Mythologies, Seuil , 1957.