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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Qu’est-ce que tu fais pour les (prochaines) vacances ? (À propos de : Écrire son premier roman en dix minutes par jour de David Meulemans et de Page blanche de Jean-Luc Luciani)

Julien Vercel

Un essai et un roman et, dans ces deux ouvrages, un humour léger qui vient heureusement contraster avec la lourdeur de l’époque. Deux façons de donner envie d’écrire (et pas seulement pendant les vacances !).

Côté essai, David Meulemans, auteur et éditeur (Aux forges de Vulcain, 2021) distille, en une succession de courts chapitres, ses conseils et recommandations en prévenant d’abord sur le sens à donner au titre de son essai : il faut écrire 10 minutes par jour pour inscrire l’écriture dans sa vie, qu’elle devienne « cette obsession quotidienne, qui vient occuper votre esprit chaque fois qu’il est livré à lui-même » et prévient : « Le plus important, avant d’écrire, c’est lire ». Il reconnait que pour écrire, « il faut avoir une certaine estime de soi » et tord le cou à « l’inspiration » au profit de l’improvisation en prônant la surproduction et en avertissant qu’il faut « accepter de jeter beaucoup »… et souvent réécrire. Il y a beaucoup d’autres conseils sur la « bonne histoire », les personnages, les enjeux et l’intrigue… livrés sur un ton amical plus que professoral, l’auteur se mettant parfois en scène pour aider ses apprenti·e·s autrices et auteurs à franchir « ce cap important qui sépare l’expression de soi de l’adresse à autrui ».

Côté roman, il semble bien que Jean-Luc Luciani ait mis en pratique le conseil de David Meulemans : écrire, « c’est formuler une phrase qui donne envie de lire la phrase qui suit, le paragraphe qui suit, la page qui suit ». Page blanche (éditions Mutine, 2025) raconte « la panne sèche » de Damien Estillon, orphelin post-Covid, qui n’arrive pas à écrire son quatrième roman. Son éditrice, accro à la cigarette électronique aux parfums improbables et aux dosettes caféinées, l’envoie aux réunions de l’AAMI pour « Auteurs anonymes en manque d’inspiration » où les membres ont tous des surnoms avec un « K » parce qu’« un écrivain qui n’arrive plus à écrire est considéré comme un cas ». Damien y fera des rencontres, essaiera d’autres pistes comme une cartomancienne et un psychanalyste… Au fil de ses tentatives pour se remettre à écrire, il croise des collègues qui expliquent les raisons de leur « panne sèche » : le refus d’un manuscrit sur une histoire d’amour entre deux femmes « sous prétexte que je n’en étais pas une » ; la relecture par un « sensitivity reader » pour éviter de blesser du fait du « gap générationnel » ; la déferlante de haine sur les réseaux sociaux ; l’usage du langage inclusif ; l’incapacité à finir un roman qui dépasse pourtant déjà les 3 000 pages ; le sentiment d’avoir tout mis dans une première œuvre ; le syndrome de la page blanche ; les rituels d’écriture qui finissent par empêcher d’écrire ; l’emprise de l’intelligence artificielle ; les effets d’une rupture sentimentale ou la perturbation du bruit de la rue (ici un gang de motards !).

Dans leurs styles et leurs formes différentes, David Meulemens comme Jean-Luc Luciani pourraient finalement tous les deux acquiescer au trait d’esprit paradoxal de Damien qui admet : « Un écrivain qui se livre, c’est un peu comme un canard qui se confie ».

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